Pénibilité

Barrages policiers du Gabon profond : entre précarité, rackets et fatalisme

Barrages policiers du Gabon profond : entre précarité, rackets et fatalisme
Un des postse de controle policier sur l’axe Makokou-Mékambo © 2015 D.R./Info241

L’émergence autoproclamée et appelée de tous leurs vœux les autorités politiques gabonaises au pouvoir, semble avoir fait fi des conditions de vie des forces de l’ordre qui pourtant sont de tout temps, leurs premiers instruments pour ramener la sérénité à leurs positions confortables d’hommes de pouvoir. L’illustration ci-dessous est l’un des postes de contrôle de ces mêmes forces de sécurité sur la voie Makokou-Mékambo dans la province de l’Ogooué-ivindo, loin du confort Libreville et de l’émergence prônée à coups de promesses interminables à l’horizon 2025. La réalité semble enseigner d’autres travers que notre rédaction tentera de mettre en évidence.

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Des conditions antiques de travail

Au 21e siècle, il est déplorable de voir que deux morceaux de bois et un fut rouillé font office de poste de contrôle de police ou de gendarmerie au Gabon quand on sait que nos gouvernants l’ont qualifié de pays sur la voie du développement certain. Cette route unique reliant Makokou à Mekambo en dit long sur le développement du Gabon et sur la pénibilité du travail des forces de l’ordre sur les axes routiers de l’intérieur du pays. Sachant qu’il y a des personnalités originaires de cette province, en l’occurrence le très célèbre porte-parole de la présidence gabonaise Alain Claude Billie-bi-Nze, qui l’empruntent chaque mois pour y passer le séjour dans leur localité. Ce « péage » reflète l’image du Gabon. Et décrit les conditions déshumanisantes voire délétères dans lesquelles travaillent les forces de l’ordre.

En effet, assis sous un arbre (badamier, manguier), l’uniforme délavé par la violence des rayons solaires, le teint pâle par la rudesse des conditions de travail, les lèvres déteintes par les coups de sifflet répétitifs et la consommation abusive du vin local pour lequel, pour ces agents désœuvrés, restent le seul moyen d’évasion dans des contrées reculées et souvent sans la moindre électricité. Ils s’impatientent de l’apparition d’un véhicule à contrôler guettant la moindre infraction pour procéder à un racket leur permettant d’arrondir des fins du mois bien en-deçà de leur train de vie.

Des responsabilités à pourvoir

Finalement, à qui incombent les responsabilités de déracinement de ce fléau de rançonnement des routiers quand on sait que sous d’autres cieux, un péage sert à l’entretien des routes entre autres. Au Gabon, le constat fait est que la majorité des routes restent dans le même état de délabrement sinon, se dégradent davantage. Cela pour la simple raison que l’argent racketté ne sert pas à l’amélioration des conditions de circulation des usagers mais sert de « prime » de pénibilité de travail aux agents.

Pourtant, leurs conditions de travail démontrent à suffisance qu’ils ne sont pas en marge de la précarité que subie la majorité des Gabonais qui la dénonce. Triste est de constater que, victime de leur précarité mentale, nos forces de l’ordre se refusent à utiliser le moindre neurone pour se sortir de leurs jougs. Sont-il mieux traités que le reste des Gabonais ? Ce que revendique leurs compatriotes n’est il pas légitime ? Et si nos dirigeants prêtaient une oreille attentive à ces revendications et décidaient d’y apporter une solution, ne serait il pas bénéficiaire au même titre que les plaignants ? Malheureusement, obéir et exécuter sont les seules valeurs qui conditionnent et donnent un sens à leur existence professionnelle.

@info241.com
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