Décision gouvernementale

Recrutement d’enseignants vacataires au Gabon : la poursuite d’une agonie pédagogique ?

Recrutement d’enseignants vacataires au Gabon : la poursuite d’une agonie pédagogique ?
Recrutement d’enseignants vacataires au Gabon : la poursuite d’une agonie pédagogique ? © 2022 D.R./Info241

Le ministère de l’Éducation nationale a lancé depuis plusieurs jours, le recrutement pour le besoin des établissements scolaires du second degré général, de chargés de cours vacataires de toutes nationalités résidant sur le territoire national dans les disciplines telles que : français, mathématiques, anglais et éducation physique et sportive. Ce sont environ 704 postes qui sont concernés pour ce recrutement en pleine année scolaire.

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Par cet acte, le ministre Mouguiama-Daouda montre à suffisance son désir ardent de palier au manque de professeurs en salle de classe suite au mouvement de grève entamé par les enseignants il y a plusieurs mois déjà. Une situation qui prouve que le Gabon manque encore de politique éducative. Dans quelques semaines certainement, ces enseignants vacataires prendront de facto leur poste, sans aucune mesure d’accompagnement (formation à ce métier, budgétisation etc).

Un recrutement à la hâte

Or, tout le monde le sait, et même nos parents partis à l’au-delà le savent. Pour être enseignant au second degré au Gabon, il faut impérativement être passé par l’École normale supérieure (ENS), dans le cadre d’un renforcement de compétences éducatives. « C’est ce que nous appelons la fuite des cerveaux vers l’avant. Le gouvernement par cette initiative montre son incapacité à résoudre les problèmes de ce secteur d’activité », regrette Maurice Divoungui, enseignant.

Et pour prétendre au poste d’enseignant de lycées et collèges, il faut avoir l’étoffe et un savoir-faire basique pour affronter les milliers d’élèves qui bondent nos écoles actuellement. Titulaire d’un doctorat, et en tant qu’enseignant, Mouguiama-Daouda mesure bien la tâche qu’il confie à ces nouveaux partenaires éducatifs qu’il enverrait probablement dans un cul-de-sac. Au regard des attentes pédagogiques dans ce secteur, mais surtout suite à ce manque de formation, on peut aisément dire que les enjeux sont colossaux.

Exit l’ENS !

Et c’est surtout regrettable pour ce si petit pays d’Afrique centrale qui ambitionne avoir une croissance économique, sociale et éducative rapide. Pour envisager enseigner, plusieurs aspects rentrent en compte. Entre autres : la maîtrise des outils didactiques, disposer d’une culture générale à point, peaufiner les évaluations pédagogiques et bien d’autres pour ne citer que ceux-là. « Il va aller prendre même des diplômés sortis de nulle part. Le pays régresse énormément et in comprend pourquoi le taux d’échec est si considérable et en pleine croissance. Tous ont-ils déjà été à l’ENS pour prendre à ces postes ? Je ne crois pas », s’étonne Alex Ogwéra, un autre enseignant.

Pour ce qui est du Gabon, ce type de recrutement se déroule le plus souvent sous plusieurs formes. Soit à cause de son adhésion au parti au pouvoir (PDG), de son appartenance ethnique, culturelle, clanique et bien d’autres critères connus d’eux-mêmes, sans toutefois au préalable tenir compte à quelques exceptions près, de l’expérience professionnelle nécessaire et qui est à la base de toute activité liée au secteur pédagogique en République gabonaise.

Une crise didactique

Les centres de perfectionnement pédagogique sont dans un coma artificiel depuis bien longtemps déjà soit plus de quatre bonnes années. Dans un tel contexte, recruter des enseignants vacataires sans aucune formation pédagogique adéquate est irrationnelle et dangereuse pour notre système éducatif qui est déjà dans l’agonie avec son lot de grève à répétition. Et pourtant plusieurs enseignants chôment à la maison depuis des années faute de poste budgétaire.

Une situation qui paralyse l’école gabonaise et pourtant les enseignants ressentent le besoin ardent de mesures pérennes visant à rehausser leur noble métier. Comme par exemple, une prime pour ceux situés dans des localités très reculées de toute civilisation, d’un logement décent, des nouvelles écoles, des intégrations, du suivi des carrières et bien d’autres.

Ceci étant, le gouvernement aura-t-il suffisamment d’argent pour payer les enseignants vacataires ? Ces enseignants vacataires seront-ils intégrés comme enseignants de manière définitive ? Des questions ouvertes dont le gouvernement a certainement les réponses. Tout compte fait, dans ce bras de fer entre le ministre de tutelle et les enseignants, la suite s’annonce difficile pour la poursuite des activités pédagogiques dans les établissements.

@info241.com
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