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Les malades mentaux, un véritable problème de société à Port-Gentil

Les malades mentaux, un véritable problème de société à Port-Gentil
Les malades mentaux, un véritable problème de société à Port-Gentil © 2021 D.R./Info241

La complexité et la tâche à accomplir dans la prise en charge des malades mentaux, en raison de leur nombre sans cesse croissant dans la cité pétrolière gabonaise de Port-Gentil et le manque de moyens et de structures psychiatriques, fait de cette situation, un problème de société pour cette si belle ville.

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Port-Gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime, est depuis plusieurs années, en proie à une montée vertigineuse du nombre des malades mentaux. En effet, il ne se passe plus un jour, un mois sans qu’on enregistre un nouveau cas dans la ville. Au quartier cité Otandault par exemple, non loin du lavage auto, là-bas deux aliénés mentaux ont élu domicile au seul abris bus existant. C’est désormais leur chambre, leur maison au grand désarroi de la population impuissante qui se demande bien, ce qui a pu arriver à ces personnes-là.

Un problème vieux dans la ville

Conséquences en ce début de saison de pluie, plus personne n’ose s’aventure en cas des fortes pluies où lors des températures très élevées de soleil. Si certains sillonnent la ville habillés, c’est pas le cas d’une bonne partie d’entre eux. Au quartier Badamier, non loin de l’orphelinat, juste à côté du bac à ordure, l’église catholique a dû faire construire une maisonnette afin de loger un très jeune gabonais atteint de démence qui marchait dans toute la ville dévêtu. Un autre parmi eux, se trouvant souvent entre le carrefour Léon MBA, Tobia ou à Banco, passe régulièrement son temps à demander quelques pièces aux automobilistes afin de se nourrir sous un ton laconique, accompagné de rires et des salutations à la base. La preuve que certains sont récupérables.

Un malade errant dans la ville

Le plus grave dans tout ça, c’est que dans leur péril quotidien, ils ont avec eux, pour certains, des armes blanches : couteaux, barres de fer, machettes, des bouts de tôles rouillées etc. Ce qui inquiète un peu plus. « Il faut les voir au carrefour Léon Mba, à Banco, ou encore en ville, c’est triste. D’autres mangent dans les poubelles et certains sont nus. Pour nos enfants à bas âge c’est pas facile. Certains qui traînent avec des objets agressent parfois des usagers. Ils cassent des vitres de voitures. C’est dangereux comme situation à Port-Gentil », avoue Emmanuel Odoka, un employé du secteur pétrolier.

Des solutions attendues

A l’image donc d’autres secteurs, comme l’éducation, le sport, les transports et bien d’autres, le domaine de la santé mentale est confronté lui aussi, aux mêmes problèmes qui minent certaine entités dans notre pays. A savoir, les difficultés de prise en charge. Et parmi ce lot de problèmes, on note que le pays ne dispose que d’une seule structure psychiatrique sur l’ensemble du territoire national. "Comment c’est possible après autant d’années de gestion ? C’est pas possible de mettre tous les malades mentaux là dans cette structure d’à peine 100 places ou plus je crois. On manque de tout ici au Gabon. Et on comprends pourquoi dans d’autres villes ils sont nombreux comme ici à POG. C’est normal, si déjà il manque des écoles, combien de fois des structures psychiatriques ?" se lamente Frédérick Jeancy Yenon.

Encore un autre

À ce jour, la capitale économique et certaines de ses villes voisines n’ont aucune structures capables d’héberger ces personnes laissées-pour-compte par la société. Triste nouvelle pour sa population. Mais la grosse problématique de cette situation de santé mentale reste, l’insuffisance des budgets. Celui de la santé mentale, il est estimé à près de 2% du budget de la santé. La non-exécution ou le cas échéant, leur exécution hors délais causent également problème. Outre ce manquement, on peut y ajouter par conséquent, celui du médicament qui coûterait excessivement cher.

« Avec tout ce qu’ils mangent qui est parfois en décomposition très avancée, ils tombent aussi malades comme nous. Déjà qu’ils sont atteints de trouble mentale, ils ont droit aux médicaments adaptés à ce type de situation. L’état est démissionnaire dans tout les cas. Y’a un budget, ça va où ? », se demande bien Créole Okoumba. Il faut le signaler avec la toute dernière énergie, ces malades mentaux sont aussi victimes de plusieurs maux. Entre autres l’abandon parental. Lesquels souffrent déjà psychologiquement aussi de l’isolement.

A l’abandon

Et par la même occasion, du non-accompagnement des patients par leurs parents. Cette démission parentale pose un réel problème de prise en charge des malades dans la ville du sable. Dans la mesure, où ils ont très souvent besoin de médicaments ou d’un foyer d’accueil en cas de rétablissement. Ce qui retarde un temps soit peu, leur guérison et favorise la rechute lorsqu’on a réussi à soigner un des leurs. « Moi je pense que beaucoup de parents sont tenus pour premier responsables dans la plupart des cas. Car, c’est inacceptable de voir son parent nu à la route raconter du n’importe quoi et ne rien faire. C’est méchant. La médecine traditionnelle gabonaise traite ce genre de cas. Ils sont cruels ces parents », souligne Marie-Rose N’goma.

Ce qu’il faut dire, c’est que les parents de ces malades, ont leur part de responsabilité dans le phénomène des malades errants, à cause de la méchanceté et du mépris qu’ils affichent envers eux. Tout comme les autorités gouvernementales. L’hôpital psychiatrique de Melen demeure à ce jour, la seule structure sanitaire réservée aux malades mentaux, construite dans le pays. Insuffisant ! Des efforts restent à faire dans ce sens.

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