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Covid-19 : Confinement et couvre-feu ad vitam æternam au Gabon ?

Covid-19 : Confinement et couvre-feu ad vitam æternam au Gabon ?
Covid-19 : Confinement et couvre-feu ad vitam æternam au Gabon ? © 2020 D.R./Info241

Le confinement au Gabon, imposé au lendemain de la survenue de la pandémie de coronavirus, continue d’exaspérer l’opinion. Le citoyen Alain Gérald Lewis Mba Bekui nous en donne dans cette tribune, la parfaite illustration. Pour l’auteur, ces restrictions constituent « une véritable excitation aussi autoritaire que doctrinaire ». Lecture.

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Finalement, pourquoi nous confine-t-on, jusqu’à ce jour, et dans quel intérêt ? Et pourquoi, nom de Dieu, nous imposer un couvre-feu si, secret de polichinelle, les maisons sont simultanément transformées en bars et églises fréquentées par les « forces de l’ordre » elles-mêmes et si, inutile de le rappeler, les marchés sont ouverts, sans respect des mesures barrières ? A quoi, ou à qui, servent ces atteintes à nos libertés individuelles ?

Du matraquage médiatique et propagandiste d’aides aux populations qui a servi à notre intoxication intellectuelle, au commencement de la crise du Covid-19, il n’en a découlé que « des détournements de deniers publics et de la manipulation politico-médiatique médicale », s’écrie le citoyen lambda. Outre cette honteuse gestion de la crise du Covid-19 il n’en est rien de satisfaisant ; « des lois votées en douce », aux recrutements massifs des sous-diplômés dans les « corps habillés » en passant par l’organisation médiocre des concours et examens nationaux , la suspension des recrutements à la Fonction Publique dont on ne parle plus, et l’insécurité devenue une normalité dans nos quartiers, etc. rien, vraiment rien de beau ni de bon ne nous est présagé. En bas, on souffre, des jeunes aux vieux, des hommes aux enfants, des travailleurs aux chômeurs, en bas, on n’en peut clairement plus de cette misère pendant que d’autres peuvent s’offrir tous les luxes de leurs folies, parfois, avec l’argent public. 

Au départ, c’est-à-dire dès le début de cette crise, nous assistions à une véritable excitation aussi autoritaire que doctrinaire où, tour à tour, « des politiciens », parce que cette crise leur appartient désormais, ils se la sont appropriée pour les besoins de leur cause au détriment des experts, se succédaient les uns aux autres dans les médias pour nous dire, chacun selon son ministère, à quel point le coronavirus était une menace pour nous. Des mois plus tard, malgré les mesures prises contre sa propagation et, ajouté à cela, l’incivisme conçu des populations, le virus en soi s’est avéré moins dangereux pour le pays que ceux qui disent le « gérer ». Ce n’est pas le virus qui nous noie dans la précarité mais plutôt ceux qui, d’une main de fer, nous dirigent dans un ravin.

A cet effet, ma question vaut d’être posée, en ma qualité, j’ose encore me le dire contre mon gré et non plus le croire ni d’en avoir encore la conviction, de citoyen. Je me sais, comme nombre de ceux qui partagent cette « nébuleuse » identité (gabonais étant presqu’une insulte aujourd’hui), gabonais de seconde zone ou mieux, devrais-je dire, de bas étage ; l’insignifiance dans toute sa déliquescence existentielle, du concept creux d’être gabonais.

Nationalité qu’il nous serait par ailleurs bien de repenser. Enfin, je sais aussi le débat démocratique et la liberté d’expression ne pas être notre fort. Notre lot à nous, bien que je ne m’y reconnaisse guère, c’est la bassesse, du haut en bas, qui, par la même occasion, est « la chose du Gabon la mieux partagée », que Descartes me pardonne d’écorcher quelque peu sa pensée…embryon(s) nous sommes bien trop loin de l’être en tant qu’Etat-Nation. La notion de nation ne nous sied peut-être pas au regard de nos sectarismes identitaires, doctrinaires ou selon notre orientation sexuelle ! Mais bref, trêve de parole, avant qu’on ne me reproche de je ne sais quoi à la gabonaise qui ne sait creuser les pensées mais, préfère se contenter de leur forme, sans pour autant les lire, au passage. 

Les « dirigeants » connaissent bien la psychologie collective de ce peuple anthropologiquement, voire, existentiellement, abâtardi et réduit à moins que du bétail. Ils savent, parfaitement, que ni les « intellectuels » enfin, on les appelle comme ça chez nous, ni les illettrés, ni même les fonctionnaires du corps médical qui, sans nul doute, devraient être les premiers à s’indigner et dénoncer l’imposture de ce confinement, n’oseront poser le problème de la légitimité ou de la légalité que ce soit du point de vue institutionnel ou moral, de cet embrigadement national.

Lequel des « intellectuels » osera critiquer, c’est-dire analyser scientifiquement l’abjecte gestion de cette crise par les politiciens au pouvoir ? Sans langue de bois, avouons que ces costards-cravates « slimés » jusqu’aux os ne cachent plus leur mauvaise foi. Du coup, ni les médecins, ni nos « éminents » professeurs, « papes » et consort, génies du commerce des fascicules plagiés ça et là dans nos décombres d’« universités », ne se risqueront à soulever comme débat national cet enfumage de « con-finement ». Encore pire, le couvre-feu, comme si le virus était plus actif la nuit que le jour ! Que font-ils la nuit, ceux qui nous astreignent, sinon nous assujettissent à mener une vie d’animaux de ferme ( George Orwell, La ferme aux animaux ).

Ainsi, le citoyen lambda que je suis est en droit de s’interroger quoiqu’il sache ce qu’il risque d’en résulter, à savoir, un magnifique kidnapping hollywoodien par des personnes non-identifiées. Qu’on pardonne mon impertinence, ce n’est que l’expression d’un ras-le-bol national face à la précarité qui tous, sauf certains, les « biens-nés », nous asphyxie. Piètre moi, non seulement je ne suis pas une intelligence mais, en plus, je donne peu matière à réfléchir dans un style autant sarcastique que pessimiste et polémiste ; qui donc, en voudrait ? Personne ! Je ne suis qu’un cynique fou qui bien étale son aigreur sur du papier, qu’on me laisse me vider de ce mal-être, que j’extirpe autant que possible cette souffrance des bas-fonds. 

Mon questionnement, alors ; où sont nos économistes, nos sociologues, philosophes, anthropologues, politologues, épidémiologistes, « journalistes d’investigation,… ? Ce questionnement est dorénavant plus nécessaire sinon un devoir citoyen quand on sait toutes les décisions discrétionnaires qui ont été prises durant cette crise sans compter que, des commerçants profitant de la situation ont sournoisement augmenté les prix de bien des produits alimentaires de première nécessité. En plus les salaires ne grossissent pas, on va crever ! Pourquoi ce mutisme quant à la situation qui prévaut depuis des mois dans cet enclos colonial où, les dirigeants, en manque de créativité, reproduisent ce que fait le « grand blanc » colonisateur ?

Que le gouvernement français dise « augmentation des cas de Covid-19 en France » ils le répètent d’une seule voix telle une litanie, en remplaçant simplement France par Gabon. Ils récitent tout ce que fait la France, on le sait, alors qu’attendent ceux des intellectuels, les médecins en particulier, qui sont au fait de la gestion de cette crise, pour délier leurs langues refroidies par la peur, l’indifférence ou par les billets bleus ?

Par ailleurs, comme le pensent d’aucuns, la crise actuelle, si elle paralyse notre économie et accentue le taux de pauvreté, elle permet à certains de s’enrichir ; c’est une aubaine politique pour ceux qui nous prévoient du très sale en 2023. Avant donc que ça ne saigne, pourquoi tous ces grands communicateurs qui se vantent de leurs cursus ne suivent-ils pas l’exemple de certains de leurs maîtres à penser français qui prennent position contre ce qu’il se passe en exigeant de leurs dirigeants qu’ils soient clairs ? Nous voulons des « nôtres » des études, rapports, articles, une prise de parole objective et fournie, sans ambages. On attend nos sociologues, nos économistes, et autres, qu’ils nous disent le poids et les conséquences de cette crise selon leur champ disciplinaire.

Mais qu’à cela ne tienne, nous savons aussi où nous sommes, au Gabon, il n’en sera rien. « Ils ont tous peur » ! Leur force se traduit face aux plus faibles, autrement dit, les étudiants, les « illettrés », c’est dans les bars qu’on les reconnaît à travers une sorte de néoparler ( George Orwell, 1984 ) qui leur sert à vampiriser les masses. Sinon, au bûcher, bande d’imposteurs ! 

Malgré le couvre-feu, les nuits sont mouvementées dans les snacks bars, et ça « groove » comme avant », très souvent avec la participation des agents des forces de l’ « ordre ». C’est ce à quoi les masses sont réduites, la fête, l’alcool et le sexe ( Stratégies de domestication d’un peuple , BMW - Beer , Music and Women - comme armes de distraction massive , Germain Nzinga Makitu). Quoiqu’il en soit, aucune voix ne dira mot tellement ça sent le syndrome de Stockholm par ici.

Pour finir, je prie les bien-pensants de ne pas m’emballer dans un sac poubelle pour ce mot d’esprit, mal écrit en plus, que seuls deux ou trois personnes liront.

Alain Gérald Lewis Mba Bekui, instructeur de boxe thaïlandaise.

@info241.com
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