Réquisition de la SEEG

Conflit Veolia vs Gabon : de l’Etat-délinquant à l’Etat-voyou !

Conflit Veolia vs Gabon : de l’Etat-délinquant à l’Etat-voyou !
Conflit Veolia vs Gabon : de l’Etat-délinquant à l’Etat-voyou ! © 2018 D.R./Info241

La réquisition pour cause d’intérêt général de la Société d’énergie et du d’eau du Gabon (SEEG) par l’Etat gabonais continue de faire réagir la classe politique. Si les partis politiques proches du pouvoir salue la mesure « soudaine » du gouvernement gabonais, ceux de l’opposition y voient encore là la dernière manifestation du passage d’un « Etat-délinquant » à un « Etat-voyou ». C’est du moins l’analyse brossée par Mengue M’Eyaà, porte-parole de l’opposant Jean Ping et présidente du Mouvement civique du Gabon, exposée dans les lignes qui suivent.

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La rupture brutale du contrat avec l’opérateur Véolia n’est pas un incident normal entre un Etat et une société prestataire. C’est le quotidien des rapports de forces entre les entreprises et le pouvoir illégitime, surtout quand les entreprises sont de droit gabonais et ne sont pas la propriété des proches du pouvoir en place : rackets ; extorsions de fonds, chantages, prestations faites sans paiement... Le nombre de PME-PMI en grandes difficultés est croissante ce d’autant plus quand le maître du régime et ses affidés ont décidé de couler leur l’activité.

Cette situation touchant une grande entreprise française est le quotidien d’un mode de gestion dans lequel le droit n’est pas respecté au profit de la force brutale et arbitraire propre au régime en place depuis 50 ans au Gabon. Ce qui est terrible est sans doute que le temps passant, la situation s’aggrave en raison du pillage continue et démesuré par le clan Bongo des ressources du pays.

Alors que certains pays ont créé des fonds souverains afin de préparer l’avenir, et l’après pétrole (Qatar, Arabie saoudite), le régime gabonais continue sur sa lancée de dépenses inconsidérées sans rapport avec ses moyens.

Face à ses dépenses, pas non plus de développement !

L’état vend les permis de conduire au Ministère des transport pour achever de couler les auto écoles gabonaises. Il en est de même pour tout secteur d’activité économique où les Gabonais veulent entreprendre .C’est donc un Etat voyou qui n’a jamais des comptes à rendre : Ils veulent la ruine du Gabon, en particulier pour ce qui est de l’accès à l’eau potable et aux énergies propres. Exactement le contraire des engagements pris au dernier sommet de Paris où Bongo est venu promettre 500.000 € pour lutter contre la pollution, alors que l’Etat doit 40.000.000 € de factures impayées à Véolia.

La gestion de l’eau au Gabon est une catastrophe sans nom. On se souvient d’avoir vu la construction par des partenaires européens d’un centre hospitalier tout neuf dans la région d’Oyem. Le problème est qu’il n’avait pas d’alimentation en eau potable, un comble pour un hôpital.

La ressource en eau ne manque pas dans le pays de climat tropical humide. Plusieurs grands fleuves, dont l’Ogooué, une pluviosité régulière…

Pour autant, comme on l’a vu récemment, il n’existe peu ou pas de mécanismes individuels ou collectifs de récupération des eaux de pluie. Les eaux usées ne sont pas traités, et Libreville n’a pas de système de tout-à-l’égoût digne de ce nom. Bref, l’Etat défaillant est le principal pollueur en ne faisant pas suffisamment d’investissements pour protéger les populations. Mais d’ailleurs, ce sujet n’est pas vraiment la préoccupation des prédateurs du régime.

De ce fait, les maladies prolifèrent en raison d’une désorganisation d’un pays non géré par l’Etat ou par les collectivités, lorsqu’elles existent vraiment.

Avant Véolia, il y avait la SEEG, société publique de l’eau et de l’électricité, qui fonctionnait correctement, mais conformément à la gouvernance du clan Bongo, devait prendre à sa charge des dizaines de milliers d’emplois fictifs venant de la présidence, des factures non payées de l’Etat et des hiérarques du régime.
De plus, comme toute société para publique, les prélèvements de liquidités sur sa trésorerie, étaient effectués pour le train de vie du régime…

De ce fait, la SEEG, sous pression, comme beaucoup d’entreprises, fut privatisée et confiée à Véolia dès 1997. Mais, les habitudes demeurent les mêmes et le régime impécunieux continue à considérer que tout ce qui se fait doit lui revenir, faisant fi, comme en matière de libertés publiques, des droits fondamentaux, notamment en matière commerciale, sans compter les conventions internationales du droit des affaires (Système OHADA.

Ainsi, à l’image d’Air Gabon, d’Africa numéro 1, l’OCTRA, la société nationale des Bois du Gabon, ces sociétés ont été ou sont en quasi cessation de paiement, rafistolées au dernier moment dans des combines internationales en sous-filialisant les pertes, et en détournant les éventuels gains, de façon à enrichir toujours le clan Bongo et ses commensaux gourmands de la « légion étrangère », et pas seulement.

Mais le hic est arrivé. Véolia n’est pas OLAM, ou n’est pas un consortium chinois habitué à ouvrir les valises de billets lorsqu’un problème arrive. Véolia est une multinationale qui n’est pas qu’en Afrique, et dispose d’un large rayon d’activités polyvalentes et complémentaires. Déjà le secrétaire général du groupe a utilisé un vocabulaire inhabituel dans ce genre de litiges marquant ainsi le caractère inédit de la rupture sous forme militaire voulue par le régime gabonais.

Voici le communiqué du Groupe Véolia après le coup de force du régime gabonais :

"Ce jour, des hommes en armes ont réquisitionné la SEEG - Société d’énergie et d’eau du Gabon, sur décision du Ministère de l’Eau et de l’Energie du Gabon.

Le Groupe Veolia proteste vigoureusement contre cette action brutale menée en dehors de toute règle de droit et met tout en œuvre pour soutenir ses employés au Gabon, engagés depuis deux décennies pour fournir le meilleur service public d’eau et d’électricité aux citoyens gabonais.

En juin 1997, Veolia a remporté la concession de l’eau et de l’électricité publique du Gabon, aux termes d’un contrat d’une durée de vingt ans avec la République gabonaise, par lequel la société est devenue l’actionnaire majoritaire de la SEEG.

Etablie dans le pays depuis plus 20 ans, Veolia est l’un des plus grands employeurs et investisseurs étrangers au Gabon (366 milliards FCFA, environ 558 millions d’euros depuis 1997). La SEEG, filiale de Veolia à 51%, assure la production et la distribution d’eau potable et d’électricité sur l’ensemble du territoire gabonais. Les investissements du Groupe, tant en ressources humaines et en formation qu’en moyens financiers, ont notamment permis au Gabon de tripler la population desservie en eau et en électricité, faisant du pays l’un des leaders africains dans ce domaine dès 2012.

Veolia, ses dirigeants et ses employés au Gabon ont tout mis en œuvre pour établir un dialogue constructif et responsable avec les autorités. Aujourd’hui victime d’une expropriation brutale de la part de l’Etat gabonais, Veolia examine les conséquences juridiques de cette situation et attend du Gabon qu’il se conforme aux règles de droit et à ses engagements. "

Le régime est donc surpris de la soudaine réaction face à ce qu’il fait vivre au quotidien aux citoyens : une entreprise de rapacité organisée et de prise de contrôle militaire d’une entreprise.

Bref, les moyens hors du commun sont inadaptés face à des rapports régis par le droit commercial international, soumis aux conventions internationales de l’OHADA. De ce fait, le contentieux se réglera au détriment du régime, qui n’en a cure, puisqu’il aura espéré entretemps mis la main sur les comptes bancaires de l’entreprise.

Les usagers vont sans doute faire face à une détérioration de leurs conditions d’alimentation en eau. On savait la situation difficile à Libreville et ses 600.000 habitants (non pas 1,8 M d’habitants comme l’a dit un porte parole du régime, qui ne sait pas faire la différence entre le nombre d’habitants à Libreville et dans le pays), mais on ne voit pas, en l’absence d’investissements pour l’avenir qu’elle puisse s’arranger. Il est sans doute plus utile qu’il y ait eu un nouveau Golf à Libreville que des bassins d’alimentation en eaux potable ou des centres de traitement des eaux usées.

Pendant ce temps, fin février 2018, le régime, habitué aux "jongleries", a envoyé un conseiller « chargé de l’énergie » en visite à Paris pour tenter de rassurer l’entourage d’Emmanuel Macron, Président de la République, se rendant tout de même compte que Véolia n’était pas un petit acteur de second rang.
Ainsi, l’envoyé d’Ali Bongo est venu promettre tout et son contraire. Il a dévoilé qu’un appel d’offres prochain pourrait sélectionner une entreprise française, ENGIE, ou qu’OLAM n’était pas intéressée de reprendre la suite. Eiffage pourrait re-construire l’annexe de l’Assemblée nationale. Bref, de belles promesses reposant sur une série de mensonges procéduraux.

La justice internationale déjà fortement occupée en matière pénale par les comportements du régime gabonais, va devoir en outre se pencher sérieusement sur les violations répétées et sérieuses du droit des sociétés européennes et américaines au Gabon.

A quoi servait-il donc à la France d’avoir soutenu quelqu’un non élu en août et septembre 2016 incapable de gérer convenablement le Gabon ? Se sachant illégitime, M. Bongo veut donc faire du chantage auprès du pouvoir français. Il est donc grand temps qu’il quitte le pouvoir car les Gabonais-e-s sont prêt-e-s à changer d’époque.

La relation franco-gabonaise n’en sera que meilleure.

Par Mengue M’Eyaà, présidente du Mouvement civique du Gabon et présidente du Mouvement civique des femmes

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