Entretien

Maître Nzigou : « Le peuple gabonais espère et attend que sa voix soit entendue plutôt qu’à repeindre en rose une élection bien noire »

Maître Nzigou : « Le peuple gabonais espère et attend que sa voix soit entendue plutôt qu’à repeindre en rose une élection bien noire »
L’avocat Anges Kevin Nzigou lors de son dernier meeting citoyen à Libreville © 2017 D.R./Info241

Les violations des libertés publiques, les abus du pouvoir, les actes anticonstitutionnels perpétués depuis 1967 sont l’apanage de la présidence contestée d’Ali Bongo en vue de s’éterniser au sommet de l’Etat malgré l’expression du suffrage universel. Face à ce blocage, l’avocat au barreau du Gabon, Maître Anges Kevin Nzigou, fondateur et ancien président du Mouvement des Jeunes de l’UPG (MJU), 3e Vice-président des Upégistes solidaires s’exprime sur ce constat accablant dans un entretien exclusif accordé ce mardi à Info241. L’avocat engagé passe au crible les sujets d’actualité : la résolution européenne, la crise post-électorale suite à un déni de démocratie, du combat et de la responsabilité des jeunes, sans manquer de revenir sur le rôle non salutaire et ni messianique de la communauté internationale.

Moov Africa

Le régime tyrannique d’Ali Bongo semble avoir trouvé une parade pour s’imposer à la présidence gabonaise avec l’aide précieuse des forces armées aux ordres et la justice politisée. En semant un climat de terreur et un terrorisme d’Etat avec des arrestations arbitraires et des emprisonnements en cascade. C’est en réponse à cette oppression dictatoriale qu’Info241 a lancé une série d’entretiens et d’interviews qui visent à dénoncer tous ces actes illégaux et anticonstitutionnels afin que les droits de l’homme et du citoyen ne soient pas seulement une vue de l’esprit au Gabon.

Nous poursuivons ces entretiens d’analyse par devoir de mémoire Républicain en donnant la parole à un porte étendard de ce combat pour la démocratie au Gabon. Il s’agit de maître Anges Kevin Nzigou auteur d’un « Manifeste pour le respect des libertés publiques au Gabon » et de l’essai « Je plaide constitutionnel ». Selon le diplômé en droit des universités de Versailles et de Paris-I Sorbonne-Panthéon, le Gabon est un pays inanimé. La crise post-électorale au sortir l’élection controversée d’Ali Bongo continue de freiner le développement de toute une nation malgré son potentiel et ses importances richesses aussi bien humaines que naturelles.

C’est dans ce sens que l’avocat engagé, auréolé du Prix du citoyen gabonais de l’année 2016 des Awards de l’info, invite fermement les citoyens peu importe leurs obédiences notamment la jeunesse gabonaise à œuvrer et à s’impliquer dans la recherche des solutions de sortie crise politique. Dans le but d’endiguer la dictature, la conjoncture, les violations des libertés publiques nées de la répression du régime d’Ali Bongo qui paralysent tous les pans de développement du pays, en s’investissant au sein « des comités citoyens » dont il prépare le lancement.

Info241 Vous êtes engagé Pour la restauration de l’état de droit, de la vérité des urnes des Présidentielles du 27 août 2016 au Gabon, en tant juriste vous qui avez commis un livre à ce sujet quelle analyse faites-vous des violations des libertés publiques (Interdiction de manifestation publique, arrestations arbitraires et emprisonnements autoritaires) au Gabon ?

Il faut bien du culot pour affirmer aux gabonais, contre vents et marées, que leur cité est régie par la règle de droit".

Anges Kevin Nzigou (AKN) : Le régime controversé gabonais ne rate aucune occasion pour affirmer son attachement aux libertés publiques, en pratique il suscite toutes les occasions pour allègrement violer les droits et libertés fondamentaux. Il faut bien du culot pour affirmer aux gabonais, contre vents et marées, que leur cité est régie par la règle de droit. On voit bien l’utilité de l’exercice tel qu’il a dû être pensé par des stratèges d’une dictature d’apparence démocratique : Clamer haut et fort l’attachement aux valeurs et bafouer à la matraque et à la mitrailleuse tout espace de liberté. Marteler qu’il n’y a rien à voir car tout va bien relève d’une forme d’entêtement, voire de la provocation.

La conséquence de ses actes se vérifie dans la fracture visible de la société gabonaise. Jamais notre peuple n’a été aussi fracturé, alors même qu’Ali BONGO se présente comme le président de tous les gabonais".

La conséquence de ses actes se vérifie dans la fracture visible de la société gabonaise. Jamais notre peuple n’a été aussi fracturé, alors même qu’Ali Bongo se présente comme le président de tous les gabonais. Sur les libertés publiques comme sur le rapport au progrès, sur l’égalité des droits comme sur la lutte contre les discriminations, le Gabon est aujourd’hui déchiré. Profondément. La Démocratie ? Elle devait constituer le socle de notre République.

Elle connaît à l’inverse une crise profonde, marqué par le discrédit de la parole publique et l’illégitimité des principaux animateurs de l’Etat couronné par le rejet de la classe politique. La majorité ? Elle n’est désormais que militaire, essoré dans les urnes comme dans l’opinion le parti militarisé est aujourd’hui au bord de l’implosion et le peuple est prisonnier de ces tiraillements.

Info241. Quelle analyse juridique faites-vous des violations des droits de l’homme et du citoyen en terre gabonaise vous qui avez subi de ce régime d’Ali Bongo ?

Le concept des droits de l’homme est aussi étranger au régime que l’est la Démocratie".

AKN. Ce n’est pas une analyse c’est un constat, l’humain est dans l’arrière cuisine de nos gouvernants. Le concept des droits de l’homme est aussi étranger au régime que l’est la Démocratie.

Info241. Sommes-nous face à une dictature ? Quels sont les violations des droits fondamentaux selon-vous posées par le régime d’Ali Bongo qui le démontrent explicitement ?

Vérifier l’état des prisons, les conditions de détention de nos compatriotes et vous n’aurez plus besoin d’être convaincu du rejet des valeurs humanistes par ce régime d’Ali Bongo".

AKN. Un Etat dans lequel tous les pouvoirs sont réunis entre les mains d’un clan, d’un système qui constitue une piètre minorité de la population est une dictature. Donc c’est un truisme que de l’affirmer. Vérifier l’état des prisons, les conditions de détention de nos compatriotes et vous n’aurez plus besoin d’être convaincu du rejet des valeurs humanistes par ce régime d’Ali Bongo.

Info241. Selon vous, le Peuple Gabonais est en danger quel message envoyez-vous à la communauté internationale et aux organismes et instances juridiques garant de l’état de droit ?

Je ne partage pas l’idée que la solution de nos problèmes se trouve dans la communauté internationale...".

AKN. Ma conviction est que c’est aux Jeunes de s’exprimer et c’est à eux qu’il faut envoyer des signaux. Je ne partage pas l’idée que la solution de nos problèmes se trouve dans la communauté internationale, son action est souhaitable et même souhaitée mais elle ne doit être ni supérieure ni alternative à la résolution du peuple gabonais.

C’est aux Jeunes de faire émerger un rêve alternatif et aux autres de le relayer, la communauté internationale, dans mon esprit pourrait participer à ce travail. Il faut aller à l’écoute du peuple et surtout de sa jeunesse. Il faut comprendre pourquoi depuis un an des Jeunes marchent sur la place de paris sans fléchir.

C’est aux Jeunes de faire émerger un rêve alternatif et aux autres de le relayer, la communauté internationale, dans mon esprit pourrait participer à ce travail...".

Face à cette situation de crise sociale et politique quel message envoyez-vous au Peuple Gabonais vous qui êtes artisan des comités citoyens et de la partition citoyenne pour sortir de cette crise post-électorale ?

Face à une étatisation de la radicalité les comités citoyens seraient un espace de respiration publique. Le seul message que je souhaite partager à mes compatriotes est celui de s’approprier leur pays qu’ils ont trop laissé entre les mains d’uns système nocif pour notre vivre ensemble c’est tout le sens de ces comités.

Face à une étatisation de la radicalité les comités citoyens seraient un espace de respiration publique.".

Le Parlement européen vient d’adopter une résolution appelant aux sanctions ciblées contre le régime d’Ali Bongo. Que vous inspire cet acte diplomatique ? La résolution est-elle conforme aux attentes du Peuple Gabonais ?

Le peuple gabonais espère et attend que sa voix soit entendue. Plutôt que de s’obstiner à repeindre en rose une élection bien noire, ou de multiplier des promesses à l’emporte pièce".

AKN. Le peuple gabonais espère et attend que sa voix soit entendue. Plutôt que de s’obstiner à repeindre en rose une élection bien noire, ou de multiplier des promesses à l’emporte pièce d’un avenir en mieux auxquelles plus personne ne croit, le peuple attend que des actions, d’où qu’elles viennent, puisse renouer le peuple à ses dirigeants pour asseoir un discours de progrès social Et d’espoir.

Propos recueillis par Rostano Mombo

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article