Crise post-électorale

Bourdes Ogouliguende : « Si par hasard le Gabon était un état de droit, il s’est transformé en dictature du système Judiciaire »

Bourdes Ogouliguende : « Si par hasard le Gabon était un état de droit, il s’est transformé en dictature du système Judiciaire »
Jules-Aristide Bourdes-Ogouliguende, ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon © 2017 D.R./Info241

La crise post-électorale au Gabon a atteint une aggravation alarmante qui fait que la communauté internationale à travers la Commission des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH) et le Parlement européen s’apprêtent à prendre d’autres résolutions plus fermes. C’est face à cette inquiétante radicalisation de la dictature du régime d’Ali Bongo, que Jules Bourdes Ogouliguende, ancien président de l’Assemblée Nationale du Gabon (1990 à 1993), président du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), membre de la Coalition de Jean Ping s’adresse aux chantres du ’’Tournons la page de l’élection présidentielle du 27 août 2016’’, à travers une analyse clairvoyante et documentée intitulée : ’’Comment tourner une page que l’on n’a pas lue’’. Dans cette dernière, le juriste averti scrute minutieusement les violations flagrantes de la loi fondamentale gabonaise, les vices de formes et de procédures commis aux yeux et à la face du monde par la Cour constitutionnelle, présidée par Marie Madeleine Mborantsuo avec l’onction de tous ses membres ayant conduit au blocage politique actuel.

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Selon l’honorable Bourdes-Ogouliguende : « Les forces armées constituent le bras séculier de la République. Elles ont été transformées en une milice armée. Plus rien ne se fait sans que le peuple qui agit à mains nues ne soit en butte à ces éléments armés jusqu’aux dents. C’est dans ce contexte qu’à bout d’arguments et face à une résistance de la diaspora qui ne faiblit pas et celle de l’intérieur qui tente de s’organiser dans un environnement difficile et périlleux, que le pouvoir organise la répression face à ceux qui refusent de se soumettre à son diktat : reconnaître un régime illégitime et en mal de reconnaissance internationale ! Ce que nous leur disons, a martelé l’opposant gabonais c’est : Lisons le contenu ensemble et corrigeons-le s’il y a lieu avant de tourner la page  »

Nous vous livrons dans les lignes suivent l’intégralité de cette analyse de l’homme de loi, Monsieur Jules-Aristide Bourdes-Ogouliguende qui gagnerait à être relayée et intériorisée au sommet des Etats de tous les pays démocratiques qui coopèrent avec le Gabon. Cette réflexion autour des faits rien que les faits vise une énième fois à lancer une alerte à la communauté internationale, aux tenanciers du régime d’Ali Bongo et à leurs soutiens des lobbys Françafricains au sujet de ce déni de démocratie patent en présence en terre gabonaise. Cet énième coup d’état militaro-électoral perpétré par Ali Bongo pour se maintenir au pouvoir est vertement dénoncé par Jean Ping et sa Coalition. Rassurons-nous ne passera jamais sans faire des dégâts notamment avec la dénaturation d’un état de droit tout en enterrant les valeurs de la République qui fondent que le Gabon soit une Nation, un Etat digne d’envie.

La Cour Constitutionnelle, pour des raisons qui sont propres à sa Présidente, après avoir obtenu du Candidat Jean Ping le dépôt d’ un recours contentieux auprès de la Cour qu’elle préside, relayant ainsi une demande exprimée par les chancelleries occidentales à Libreville et la Communauté Internationale qui n’avaient aucun doute sur l’issue de ce contentieux, a finalement refusé de procéder à son examen. C’était une obligation légale. Elle a été plus encline à donner suite à l’examen d’une demande conventionnelle du Camp d’Ali Bongo, l’autre candidat impliqué dans le contentieux électoral, mais qui ne présentait aucun recours ! La validation de cette procédure par La Présidente de la Cour Constitutionnelle est illégale, voire scélérate. On comprend mieux son refus quant à l’assistance proposée par les experts africains et internationaux mandatés par la Commission de l’Union Africaine et l’Organisation de la Francophonie.

Les rapports de ces Institutions auxquels il faut ajouter ceux de la Mission d’observation des élections de la Commission de l’Union Européenne et du Parlement Européen ont tous fait état de la nécessité du recomptage des suffrages exprimés dans la Province du Haut Ogooué. Dans cette Province, des cas de fraude ayant été révélés au grand jour et les acteurs mis à nu, il convenait de montrer la vérité des urnes et dire le Droit. Ce qui n’a pas été fait pour des raisons extra juridiques. L’appartenance de la Présidente de la Cour Constitutionnelle à la province concernée qu’elle a en partage avec un des candidats, président sortant et de surcroît, unis tous deux par des liens familiaux incontestables, constituaient des cas manifeste de conflit d’intérêt qui auraient dû contraindre celle-ci à se démettre parce qu’un cas de conscience se posait à elle. Le soupçon de fraude et de parti pris étant manifeste et l’honneur entaché de la Présidente de la Cour lui commandait cette attitude de dignité. Elle a estimé ne pas être tenue à une réserve honorable !

Ce constat fait ainsi que la faute technique et morale qui a consisté à annuler les élections dans une vingtaine de bureaux de vote dans le 2ème Arrondissement de Libreville conduisant à priver le candidat Jean Ping de plus de 10 000 suffrages , sans appeler à l’organisation d’élections partielles tel que le lui commande la Constitution dont elle est le garant, est une violation flagrante et délibérée de celle-ci. Si par hasard le Gabon était un état de droit, il s’est à l’occasion transformé en dictature du système Judiciaire où la Présidente d’une Institution Judiciaire, la plus haute en matière constitutionnelle, dont les décisions et jugements sont sans appels, a délibérément violé la loi ainsi que son propre serment. Il y a un qualificatif à cette situation : forfaiture et trahison. Tous deux passibles de la Haute Cour de Justice de la République ! En sortant du rôle que la loi lui assigne pour s’immiscer dans la sphère politique, elle a fait preuve de partialité. Elle n’a plus agi au nom du Peuple Gabonais. Elle s’est fourvoyée en s’arrogeant le pouvoir d’agir à la place du Peuple.

Elle a proclamé l’élection d’un candidat non plus sur la foi des suffrages incontestables exprimés dans les urnes et attestés par des procès-verbaux originaux tels que transmis par les responsables des bureaux de vote, mais sur la base de résultats doublement manipulés. D’abord par l’administration territoriale dans le Haut Ogooué et la CENAP puis par l’Institution dont elle a la charge qui a entériné les tricheries et manipulations constatées dans cette province. Ceci avant de poser un acte lourd de conséquences en annulant des suffrages dans la province de l’Estuaire, prétextant des tricheries que nul autre qu’elle-même n’a observé. Dire qu’il est impossible d’annuler des résultats déjà actés par des Institutions manipulées, c’est faire loi de la turpitude et de l’infamie. L’annulation de l’élection présidentielle au Kenya par la Cour Suprême de ce pays, alors qu’elle était déjà proclamée par une Commission électorale, est un fait inédit qui démontre que l’on ne saurait donner la primauté d’une quelconque manipulation ou erreur matérielle ou technique sur le Droit et la Constitution.

Cette situation permet de relever la qualité des responsables qui malgré de nombreuses pressions et intimidations de toute sorte ont su faire honneur à leur fonction et se montrer à la hauteur de la situation. Quand le Président de la Cour Suprême du Kenya, le Sieur David Maraga estime n’être soumis qu’à Dieu et à la Constitution, la Présidente de la Cour Constitutionnelle du Gabon s’arroge le Pouvoir de Dieu et de la Constitution. En faisant allégeance à un homme, une famille, un clan, une Province. Voilà la différence ! Certains disent vouloir tourner la page. Ils estiment que les élections sont passées et c’est tourner la page qui devrait garantir la paix dans notre pays. Ils se trompent lourdement et font fausse route ! Jamais la paix ne se construit en violant la Constitution ! On ne construit pas la Paix en posant des actes de guerre contre la Constitution ! Ce n’est pas en devenant Dieu et le Peuple que l’on construit la Paix. Le mépris de la Constitution, le mépris du peuple par le non-respect de l’expression de sa souveraineté est un acte de guerre qui ne conforte aucune paix !

Les agissements peu orthodoxes des Institutions de la République, Les actes de barbarie et les tueries perpétrés par des forces armées aux ordres non plus de la République, mais mises au service d’un homme, sont des actes de guerre, ils détruisent Paix civile et Cohésion de la Nation ! Le Peuple gabonais n’est pas en guerre. Des dirigeants et politiciens aux petits pieds veulent l’y entrainer ! La mauvaise gestion de cette situation postélectorale et l’organisation sur commande d’un surréaliste dialogue politique sans objectifs stratégiques d’envergure ne peuvent pas aboutir à ce qu’ils appellent « tourner la page ». Ce qui leur a été rétorqué à la commission des Droits de l’Homme des Nations Unies est d’une vérité aveuglante et constitue, face à cette politique brouillonne et sans fondements un cinglant et honteux désaveu. « Faut-il encore avoir lu la page avant de la tourner ! » Rien de moins !!!!

D’ailleurs, seul un élève débutant de classe maternelle tourne les pages de son livre de coloriage sans les lire ! Les éléments qu’on leur demande de lire sur la Page sont mentionnés ci-dessus. Il ne s’agit pas de raconter ce que veulent entendre des hommes politiques sans consistance intellectuelle et qui parlent de sujets hors de propos face aux problèmes fondamentaux qui ont conduit à cette situation incroyable. Ils ne font que révéler l’incurie, l’incompétence et la friabilité des convictions d’une bonne partie de la classe politique gabonaise. Celle qui n’est mue que par la recherche de son intérêt personnel présenté abusivement et sans vergogne comme la volonté du Peuple !

En quoi la non limitation des mandats présidentiels peut-elle être présentée comme une avancée démocratique. On parle de consensus ? Entre quels acteurs ? Une élection à deux tours, la modification de la dénomination de la CENAP, constitueraient des avancées de la Démocratie ? En quoi ces faits seraient-ils de nature à calmer une population de citoyens flouée dans le choix de ses dirigeants ? Comment une population traumatisée par une agression armée dans le Quartier Général d’un candidat sorti vainqueur par la volonté des urnes peut-elle être rassurée et retrouver une paix qu’on lui dénie chaque jour qui passe ? Est-ce que ces accords apportent une réponse aux familles sur leurs disparus et les morts escamotés ? Qu’en est-il des opposants et des autres jeunes manifestants toujours emprisonnés ?

Les forces armées constituent le bras séculier de la République. Elles ont été transformées en une milice armée. Plus rien ne se fait sans que le peuple qui agit à mains nues ne soit en butte à ces éléments armés jusqu’aux dents. C’est dans ce contexte qu’à bout d’arguments et face à une résistance de la diaspora qui ne faiblit pas et celle de l’intérieur qui tente de s’organiser dans un environnement difficile et périlleux, que le pouvoir organise la répression face à ceux qui refusent de se soumettre à son diktat : reconnaître un régime illégitime et en mal de reconnaissance internationale ! Ce que nous leur disons, a martelé l’opposant gabonais c’est : Lisons le contenu ensemble et corrigeons-le s’il y a lieu avant de tourner la page 

Jules-Aristide Bourdes-Ogouliguende, est né le 28 février 1938 à Libreville, est un homme politique gabonais. Il est le président du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), un parti d’opposition. Il a été ministre de 1976 à 1990 et fut le président de l’Assemblée nationale de 1990 à 1993. Lors des élections législatives de 1990, il est élu en tant que candidat du PDG, puis est élu président de l’Assemblée nationale, le 20 novembre 1990. Lors de son mandat à l’Assemblée, il a développé une certaine indépendance et il lui est arrivé de voter avec l’opposition. Il a démissionné du PDG en janvier 1993, puis de son mandat à l’Assemblée en avril. Il s’est présenté à l’élection présidentielle de 1993 au sein de la Convention des forces du changement et a terminé 5e avec 3,38 % des suffrages exprimés. Aux élections législatives de 1996, Bourdes-Ogouliguende est élu dans la circonscription de Port-Gentil. Il fut candidat à l’élection présidentielle anticipée de 2009, qui fît suite à la mort d’Omar Bongo.

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