Imbroglio gouvernemental

Les mystifications de Régis Immongault sur « la bonne santé » de l’économie gabonaise

Les mystifications de Régis Immongault sur « la bonne santé » de l’économie gabonaise
Les mystifications de Régis Immongault sur « la bonne santé » de l’économie gabonaise © 2017 D.R./Info241

Sous la présidence controversée d’Ali Bongo, la cohérence et la cohésion gouvernementale n’ont jamais eu droit de citer au Gabon. A l’occasion du second point de presse, dont le timing et le format demeurent mal à propos pour l’opinion gabonaise, organisé le jeudi 03 août à Libreville, par « les fanatisés faucons d’Ali Bongo », membres du MOGABO, l’heure était au bilan apologétique du mandat présidentiel dernier avec pour focus l’économie gabonaise, réalisé par le ministre de l’Economie en fonction, Régis Immongault Tatagani. Et ce, dans un cadre extra-gouvernemental, par des individualités sans étiquettes. Or, les élections présidentielles du 27 août 2016 furent l’occasion de réaliser le bilan du septennat présidentiel passé et d’évaluer son approbation citoyenne à travers l’expression des urnes.

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Selon Régis Immongault Tatagani, par ailleurs, ministre de l’Economie, de la Prospective et de la Programmation du développement, le Gabon « est l’un des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) dont l’économie a une très bonne résilience face à la crise. Ce qui est pour le cadre du MOGABO s’exprimant à titre personnel que le fruit d’une diversification réussie de l’économie gabonaise. Avec un taux de croissance de 5% en 2014 ». Pourquoi un tel surendettement du pays et continuer des emprunts à tour de bras ?

Tout en ajoutant en bredouillant que les secteurs de l’agriculture, avec le projet Graine, la transformation industrielle du bois sont les recettes développées par Ali Bongo de 2009 à 2016 qui font du Gabon, un bon élève de la sous-région. Pour Régis Immongault, « ces secteurs ont permis de créer 5000 emplois entre 2009 et 2015 ». Où sont-t-ils passés avec plus de 35.5 % du taux de chômage chez les jeunes ? Quelle est l’incidence réelle de cette croissance économique reluisante dans le quotidien misérable des Gabonais ? Des questions posées par les journalistes qui sont restées sans suite.

La zone Economique de Nkok a été citée en modèle de succès économique et d’attractivité des investisseurs étrangers, « avec l’implantation de 41 usines déjà fonctionnelles et 21 en construction ». Quelle prouesse ! Selon Régis Immongault qui n’a pas manqué de vanter dans une arrogance insolite d’autres réalisations, notamment l’industrialisation du commerce de l’huile de palme par Olam, la construction d’infrastructures, le bitumage de quelques kilomètres routiers, des hôpitaux modernes, le nouveau port d’Owendo, qui sont autant de réalisations, marquant que le renouveau de l’économie gabonaise sous l’ère d’Ali Bongo est palpable, et qu’elle serait en bonne santé malgré la chute du baril du pétrole. De quel pays parle-t-on ? Est-ce vraiment le ministre de l’Economie qui s’extasie face à la situation chaotique des finances publiques, du surendettement du pays, face une crise économique du fait des détournements et des pillages des deniers publics ? Telles sont les interrogations bottées en touche par les fanatisés faucons d’Ali Bongo.

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Il faut rappeler à Régis Immongault que la charge de la dette du Gabon devient difficilement supportable pour les finances publiques du pays. En augmentation de 144% à 3 334 milliards FCFA selon les projections de la COFACE (ou de 190% à 3 969 milliards FCFA selon les projections du FMI), le remboursement de la dette et des charges financières inhérentes absorbe désormais une part importante des ressources publiques. Selon des chiffres fournis par la Direction générale de la dette (DGD), l’encours de la dette publique gabonaise s’établit à 3160,1 milliards de Fcfa à fin 2016 contre 3165,4 milliards de Fcfa en 2015.

Selon un rapport du Fonds monétaire international sur les consultations de 2015 au titre de l’article IV sur « l’Analyse de la viabilité de la Dette », la dette publique du Gabon se chiffrait à 3177 milliards de francs CFA (5,4 milliards de dollars) à fin septembre 2015. Elle a augmenté rapidement au cours de la décennie écoulée du fait que le gouvernement a cherché des fonds pour financer le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) qui a eu pour priorités : la construction des infrastructures nécessaires à l’organisation (avec la Guinée équatoriale) de la Coupe d’Afrique des Nations de football 2012. Or, le but éclairé visait de compenser la baisse des recettes consécutive au choc pétrolier qui s’est produit seulement à la fin de l’année 2014. » La dette publique totale est ainsi passée d’environ 16,7 % du PIB en 2008 à 32,6 % du PIB en 2014 et, d’après les projections, à 43 % du PIB en 2015.

L’augmentation du ratio d’endettement entre 2014 et 2015 s’explique essentiellement par l’émission de 500 millions de dollars d’euro-obligations en juin et à l’effondrement des cours du pétrole. Deux tiers environ de l’augmentation du ratio dette/PIB depuis 2014 est attribuable à la dépense publique et du train de vie de l’État gabonais, soulignait le rapport du FMI. La dette publique du Gabon est composée essentiellement d’emprunts extérieurs (la dette extérieure a représenté 85 % du total de la dette publique en 2014) contractés à moyen et long terme. Toutefois, de manière hallucinante malgré les emprunts compulsifs actuels sur les marchés financiers, Régis Immongault a nié radicalement la sécheresse de la trésorerie publique en appuyant que les caisses de l’Etat ne sont pas vides.

« Je ne dirais pas que les caisses de l’Etat sont vides, mais je ne dirais pas aussi qu’elles sont florissantes non plus », a-t-il indiqué, tout en tournant en dérision les affirmations de sources concordantes sur la crise réelle du Trésor public gabonais. C’est pourquoi les salaires sont payées de manière séquencée. D’où le recours et la mise sous perfusion financière du Gabon par le Fonds monétaire international (FMI). Interpellons tout de même Régis Immongault et ses alliés du MOGABO qui veulent se suppléer au gouvernement gabonais que la dette publique s’est aggravée dans des proportions variant de 144 à 190% entre 2009 et 2016 selon la Banque mondiale et le FMI. Plusieurs analystes économiques alertaient autrefois les autorités gabonaises sur l’urgence capitale de commanditer un audit de la dette publique du Gabon.

Plusieurs économistes avertis Indiquèrent qu’un audit de la dette permettrait de donner une indication réelle du niveau d’endettement du Gabon, de l’origine mais surtout de la destination des différents emprunts. L’Etat pourrait ainsi savoir de façon exacte si les emprunts publics ont véritablement servi au financement des projets de développement dont ils devaient permettre la mise en œuvre ou s’ils ont été détournés de leur objectif initial. Audit qui n’a jamais vu le jour jusqu’à nos jours, car Ali Bongo et ses amis du MOGABO se satisfassent des avancées chimériques de l’économie gabonaise sous son mandat vomi par la majorité du peuple souverain. A quelle finalité ?

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