Crise post-électorale

Phase politique : le curieux communiqué du Bureau du dialogue politique d’Ali Bongo

Phase politique : le curieux communiqué du Bureau du dialogue politique d’Ali Bongo
La chaude poignée de main entre Faustin Boukoubi et René Ndemezo’Obiang, deux caciques du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) © 2017 D.R./Info241

Alors qu’on s’était presque déjà habitué à voir porter la voix du comité d’organisation du dialogue politique d’Ali Bongo par son ministre gabonais du Dialogue, Francis Nkéa, le Bureau de ce dialogue s’est fendu hier d’un communiqué aux contours brumeux. Tout d’abord en faisant passer de 469 à 2300 les participants de la phase citoyenne, l’appel du pied aux acteurs politiques n’ayant pas encore rejoint le navire du « dialogue » et la curieuse demande au gouvernement d’interdiction de toute manifestation publique hostiles aux assises d’Agondjé.

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D’abord sur le chiffre de la participation à la phase citoyenne. Alors que les autorités gabonaises avaient officiellement annoncées 1200 participants, le Bureau vient de rehausser ce nombre à 2300 soit près du double. Or, les constatations faites sur les listes d’émargement des différents panels avaient révélé un nombre global de 469 participants. D’où sort donc ce nouveau chiffre du comité d’organisation ? Y aurait-il eu des participants fantômes ?

Comme si cela ne suffisait pas, le Bureau du dialogue d’Ali Bongo a fait de curieuses demandes hier au gouvernement gabonais via ce même communiqué. Dans celui-ci, les 8 rapporteurs de la majorité et de l’opposition ont demandé au gouvernement d’Issoze Ngondet, par ailleurs co-président pour le compte de la majorité, de prendre "mesures utiles et nécessaires pour garantir la tranquillité et la quiétude nécessaires au déroulement et à la finalisation, dans un environnement de paix et de sérénité".

Pour mieux préciser leur pensée, les 4 rapporteurs du Bureau voudrait voir interdire toute manifestation hostile pouvant troubler les « importants travaux de ce grand rendez-vous politique historique pour l’avenir de notre pays ». Pour le Bureau du dialogue politique dont certains croient savoir qu’il viserait les sorties publiques de l’opposant Jean Ping, le gouvernement devrait veiller à ce que "aucune frange de la population" n’organise des "manifestations susceptibles d’occasionner des actes pouvant conduire à troubler l’ordre public et donc la sérénité nécessaire au bon déroulement des travaux".

En français facile, il s’agit de faire empêcher toute manifestation publique hostile à ces assises ou pouvant contrevenir à l’environnement pourtant trouble de ces assises. Le Bureau du dialogue politique veut donc restreintes les libertés publiques durant toute la durée de la phase politique. Un bon indicateur de la nature des travaux qui réunira à huit-clos 192 représentants de partis politiques de la majorité et de l’opposition sur l’avenir du pays.

Voici l’intégralité de ce communiqué daté du 13 avril du Bureau du Dialogue politique :

Depuis le 29 mars, les travaux du Dialogue politique se déroulent au stade de l’Amitié sino-gabonaise à Libreville. Cette rencontre, faut-il le rappeler, a été initiée par le Président de la République, Chef de l’Etat, et voulue par l’opposition gabonaise. C’est donc le résultat d’un consensus acquis à la suite d’un long processus de consultation dont le Premier ministre, Chef du Gouvernement, a été chargé dès sa nomination le 28 septembre 2016.

Ces travaux ont débuté par la phase citoyenne qui a mobilisé plus de 2300 acteurs de la société civile et personnalités politiques. La phase citoyenne s’est achevée ce mercredi 12 avril 2017 avec la remise au Bureau du Dialogue politique du Rapport général comportant les contributions (environ 500 recommandations) des compatriotes issus de la société civile, de la diapora et appartenant à la classe politique non partie prenante à la phase politique, qui ont tous examiné les thématiques arrêtées dans les panels.

Depuis le 12 avril 2017, la phase politique a démarré ses travaux. Cette phase rassemble la classe politique nationale, précisément 54 partis politiques sur les 58 légalisés que compte notre pays, auxquels il faut ajouter d’autres formations politiques en cours de légalisation.

Au demeurant, le Bureau du Dialogue politique rappelle que cette rencontre est soutenue par le peuple gabonais car elle vise avant tout la consolidation de la paix et la cohésion nationale voulue par tous, comme en témoigne l’engouement des compatriotes qui ont pris une part active à la phase citoyenne ayant regroupé 2300 participants.

Eu égard à ce qui précède, le Bureau du Dialogue politique souhaite que cette importante rencontre se déroule dans un climat empreint de paix et de sérénité, auquel la nation toute entière est particulièrement attachée.

C’est pourquoi, le Bureau du Dialogue politique confirme aux compatriotes que les portes du Dialogue politique restent ouvertes aux acteurs politiques de tous bords qui manifestent un intérêt pour les objectifs de réconciliation nationale, de maintien de la paix sociale et de cohésion nationale.

En conséquence, le Bureau du Dialogue politique interpelle le Gouvernement de la République afin qu’il prenne les mesures utiles et nécessaires pour garantir la tranquilité et la quiétude nécessaires au déroulement et à la finalisation, dans un environnement de paix et de sérénité, des importants travaux de ce grand rendez-vous politique historique pour l’avenir de notre pays.

En particulier qu’il n’autorise aucune frange de la population, durant le temps du Dialogue politique, à organiser des manifestations susceptibles d’occasionner des actes pouvant conduire à troubler l’ordre public et donc la sérénité nécessaire au bon déroulement des travaux du Dialogue politique actuellement en cours dans notre pays.

Pour le Bureau du Dialogue politique
Les co-rapporteurs de la majorité et de l’opposition

@info241.com
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