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Sécurité

L’opération de sécurisation nationale « Nguené » et des interrogations sur son opportunisme

L’opération de sécurisation nationale « Nguené » et des interrogations sur son opportunisme
L’opération de sécurisation nationale « Nguené » et des interrogations sur son opportunisme © 2016 D.R./Info241

Les autorités gabonaises sont en état d’alerte. Dans une note d’information des services de la Défense nationale, ils ont décidé la mise en place d’une opération de sécurisation maximale dénommée « Nguené ». En raison d’information sur d’éventuelles infiltrations terroristes parmi les populations. Une situation préoccupante à une quarantaine de jours de la présidentielle qui pose tout de même question sur l’arrière garde de cette procédure qualifiée de « militarisation abusive du régime d’Ali Bongo » par ses pourfendeurs.

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Selon les autorités de la défense gabonaise « des renseignements indiquent que depuis quelques jours, des groupes terroristes prévoient de poser des actions visant à déstabiliser le pays et plus particulièrement la ville de Libreville  ». D’où l’ordre d’opération militaire n°006 du général Auguste Robert Bibaye Itandas préconisant à l’Etat major des Forces armées et à la direction générale des opérations le déploiement effectif de "l’opération Nguené" depuis vendredi.

Dispositif de l’opération ‘’Nguene’’ normalement décrété en cas de fortes menaces sur la sécurité nationale

Cette opération naturellement commise par Mathias Otounga Ossibadjouo, semble s’expliquer selon le ministre à cause également « d’une situation dite particulière ». Timing comminatoire ! On y apprend sans preuve à l’appui que les services de renseignements ont repéré des terroristes qui « ont l’intention de reproduire au Gabon les événements survenus dans les pays de la sous-région de l’Afrique centrale ».

De quels terroristes parle-t-on ? A part des allégations sans fondement, les autorités politiques gabonaises n’éclairent pas la lanterne à ce sujet. Par ailleurs, poursuit la note d’information n°0001524, « ces groupes ont vraisemblablement infiltré des éléments parmi la population de Libreville et de l’intérieur du pays avec pour intention de mener des attaques ». Où sont les preuves de cette présumée infiltration terroriste ? Curieusement, à quelques 46 jours de la présidentielle « des actes d’attentats visant des édifices publics. Ces actions, souligne le ministère de la Défense, « pourraient entraîner des troubles à l’intérieur du territoire national et déstabiliser notre pays ».

Les missions de cette contraignante « opération Nguene » sont précises. Elles visent selon les autorités ministérielles «  à préserver la paix et la sérénité de la population en empêchant tout acte criminel  ». Avec des consignes particulières dont « des fouilles minutieuses des voitures à la recherche des explosifs et de toutes sorte d’armes, stupéfiants et objets prohibés ». Mais aussi « l’usage des armes à feu en cas de légitime défense et après les sommations d’usage  ». Au niveau des frontières maritimes et terrestres un renforcement accru des contrôles. Quels sont les faits patents d’insécurité qui menaceraient la paix au Gabon ? A cette question aucune précision n’est apportée à l’opinion par la Défense nationale.

La note du général Bibaye Itandas décrète visiblement un état d’urgence étonnant. En effet, elle stipule qu’à compter du 08 juillet jusqu’à nouvel ordre, dès 18h00 jusqu’à la tombée de la nuit « en liaison avec les forces du 1ère et de 2ème catégories, à contrôler l’ensemble du territoire national avec à Libreville : d’une part en décelant et en surveillant tous les mouvements suspects sur l’ensemble du territoire national ; d’autre part, en agissant contre les personnes ou mobiles jugés suspects  ». Plusieurs membres de la société civile, et hommes politiques de l’opposition ont dénoncé vertement cette militarisation dont ils disent être fomentée par Ali Bongo pour « préparer son deuxième passage en force » afin de rempiler son mandat présidentiel.

Plusieurs riverains, membres de la société civile gabonaise interrogés s’inquiètent et fustigent cet « état d’urgence orchestré par le pouvoir » qui visent selon eux à priver des citoyens de jouir de leurs libertés publiques. Car ce dispositif sème la terreur, la panique et la peur dans les foyers gabonais. Tandis que les affiliés au pouvoir de Libreville évoquent l’importance de ce dispositif militaire et des forces de l’ordre qui selon eux est nécessaire pour préserver la paix et la quiétude des populations gabonaises.

La société civile et les membres de l’opposition dénoncent ce dispositif militaire

Interrogé par Info241 M. Nguema s’est exprimé en ces termes : « c’est dans l’étonnement que mes voisins et moi et l’ensemble des les populations de Libreville se sont levés en matinée, constatant une forte présence militaire. Me rendant paisiblement à mon travail, explique-t-il, dans les artères de la capitale, on pouvait observer un déploiement important des forces de l’ordre et des militaires. Pour quelles raisons ? On ne peut s’empêcher de penser à une manœuvre d’intimidations d’Ali Bongo et de ses sbires du palais du Bord de mer. »

C’est vrai que nous sommes en période électorale, ajoute Mme Komba, citoyenne opposée à la réélection d’Ali bongo, «  mais comme tout pays démocratique nous n’approuvons pas ce déploiement inquiétant des militaires et des policiers, car sans aucun doute, cela s’apparente à un état de siège. Le régime veut intimider les populations qui souhaitent exprimer librement leurs opinions et leur liberté d’expression notamment au sujet du dossier de candidature du président qui n’a pas pu durant sept ans nous prouver qu’il a un acte de naissance en bonne et due forme ».

Pour un sociologue gabonais « depuis le dépôt de candidature d’Ali Bongo, nous assistons à une présence surprenante à tous les carrefours de la capitale des forces armées. Des contrôles drastiques sont organisés à tout va. La nuit on remarque une forte militarisation de la ville. Est-ce à dire que l’argument d’une pseudo présence des terroristes au Gabon est totalement fabriqué ? Car avant cet acte politique de défiance, le pays vivait en toute quiétude. Le régime doit comprendre que la dictature militaire est une fausse route, car les citoyens bien qu’apeurés s’exprimeront. D’ailleurs, la majorité de la société gabonaise dénonce ce qui ressemble assurément à un état de siège qui n’a pas lieu d’être. Cette situation attise les braises les tensions politiques et sociales qui sont déjà au paroxysme ».

Le carnage qui se prépare contre la jeunesse et les opposants qui revendiquent le respect de la constitution gabonaise dénonce un chercheur gabonais « va paralyser le pays. Il est urgent que la communauté internationale et les organismes internationaux des droits de l’homme dont nous avons attiré l’attention depuis plusieurs mois puissent agir en prévention. Ce n’est pas au moment du passage à l’action militaire, où les populations comme celles de Port-Gentil vont être décimées qu’il va falloir passer à l’acte contre ce régime dictatorial. Ce dernier depuis 1968 n’a que d’expressions la répression militaire et des forces de l’ordre contre des paisibles citoyens qui ont soif de démocratie. »

Cette situation d’état urgence incomprise explique Marc Ona, figure éponyme de la société civile libre gabonaise, membre du mouvement citoyen « Tournons la page », « vise à nous empêcher d’organiser nos manifestations citoyennes pacifiques. Hier toutes les voies qui menaient à notre lieu de rendez-vous ont été militairement barricadées. Les libertés publiques, les droits de l’homme sont une fois de plus bafoués par le régime d’Ali Bongo. Ce n’est pas sans incident pour les riverains qui souhaitaient vaquer à leurs occupations en toute quiétude. Ainsi, Certains commerces sont donc restés clos une grande partie de la journée du 09 juillet. »

Selon M. Koumba affilié à l’opposition gabonaise, « on peut remarquer que cette mesure répressive visant la mise en place de l’opération ‘’Nguene’’ coïncide avec le dépôt de la candidature contestée du Président sortant Ali Bongo Ondimba. Sachant qu’une coalition des membres de l’opposition ont déposé des recours auprès de la CENAP et de la Cour constitutionnelle afin d’invalider sa candidature déposée hier. D’ailleurs notre très cher aîné vaillant combattant, M. Luc Bengono Nsi a déjà introduit un recours formel auprès de la Cour. Toutefois, ce dispositif militaire a empêché la tenue de mobilisation pacifique anti candidature d’Ali Bongo Ondimba et a occasionné des heurts entre force de l’ordre et les citoyens pacifistes anti Ali’16  ».

La présidentielle gabonaise qui aura lieu le samedi 27 août prochain, date qui a été rendue officielle le 6 juin dernier par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) laisse planer plusieurs tensions. Encore une fois le président gabonais Ali Bongo et l’ensemble des membres du gouvernement doivent prendre leurs responsabilités. Ils doivent prendre à tout prix de la hauteur due à leurs rangs. En apaisant les ardeurs avant cette élection de tous les risques. En commençant par dialoguer et accepter la controverse, règles primordiales du débat démocratique, en terre républicaine.

Nous l’avons répété maintes fois, en lanceur d’alertes, que ce n’est pas en utilisant les forces de l’ordre, et de l’armée commis pour protéger les citoyens gabonais et le territoire national, par l’instrumentalisation de la justice à des fins politique que les choses vont s’aplanir. Quand bien même l’appel du Médiateur de la République faisant état d’une crise généralisée a été décrié et débouté par Ali Bongo et son régime. Ce n’est surtout pas en muselant la société civile et les hommes et femmes politiques de l’opposition engagés à tourner la page de 50 ans de régime sans fin du régime au pouvoir.

Plusieurs faits laissaient entrevoir "cette militarisation décriée" du Gabon. Entre autres, les intimidations répétées des membres de la société civile et des opposants à la politique d’Ali Bongo, la pluie des plaintes et d’arrestations, l’agitation du pouvoir judiciaire, des forces de l’ordre. En agissant ainsi le gouvernement et le pouvoir présidentiel de Libreville ne sauront préserver cet havre de paix tant vanté par le pouvoir en place depuis 1967. Peu importe le contexte politique électoral, le Gabon est une République où doit régner le respect scrupuleux de l’Etat droit et des valeurs républicaines et démocratiques. Tel est le vœu ressassé par la population gabonaise.

@info241.com
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