Journée internationale des Veuves

Le VEDAP interpelle la communauté internationale sur la situation des veuves dans le monde

Le VEDAP interpelle la communauté internationale sur la situation des veuves dans le monde
Le VEDAP interpelle la communauté internationale sur la situation des veuves dans le monde © 2016 D.R./Info241

A l’occasion de la journée internationale des veuves commémorée ce jeudi par les Nations Unies, l’Association « Veuvage, Droits, Accompagnement et Perspectives » (VEDAP) a célébré sa 5ème édition consécutive, par anticipation le 17 juin dernier au Palais du Luxembourg à Paris à travers un colloque organisé sous le haut patronage de Mme Anne Chain-Larche, sénatrice de Seine-et-Marne autour du thème : « Leadership et conflits autour des conjoints survivants ».

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Le colloque s’est organisé autour de deux tables-rondes, la première portait sur le sous thème « Leadership et conflits politiques autour des conjoints survivants » et la seconde, sur « Leadership et conflits socio-culturels autour des conjoints survivants ». Deux problématiques qui ont eu la pertinence de faire la lumière et de proposer des solutions idoines sur cette épineuse question des exactions, des injustices criardes que subissent les femmes veuves dans le monde. C’est contre cette gangrène, que le VEDAP établit en France depuis 2012, s’est engagé à lutter .

Car il faut signaler que dans le monde, les veuves sont plus de 250 millions et le nombre de leurs enfants dépassent les 500 millions. Nous n’avons de leur nombre que des estimations – grâce à la Loomba Foundation, tant elles sont absentes des statistiques des différents pays par conséquent de celles du monde.

Les intervenants du VEDAP posant avec la présidente du VEDAP Dr Laurence Ndong

La présidente du VEDAP, Dr Laurence Ndong a confié à Info241 « qu’il ressort de ces travaux que les décideurs, ceux qui sont à l’origine des conflits politiques pour se maintenir ou pour prendre le pouvoir ne réalisent pas que derrière tous ceux qui sont tués, il y a des veuves et des orphelins qui sont engendrés et se retrouvent dans des situations très compliquées. Dans ce sens a-t-elle expliqué, que s’est inscrit le témoignage de Mme Vieira qui a décrié avec force et vigueur l’assassinat de son époux et du chef d’Etat-major des Armées en Guinée Bissau en mars 2009 ne se justifiait pas du tout. »

A toutes fins utiles, a martelé l’enseignante chercheuse spécialiste des questions des genres, « le Président Vieira était arrivé au pouvoir par des élections libres, transparentes et démocratiques et le pays se portait de mieux en mieux. Elle a raconté les difficultés auxquelles elle a été confrontée avec ses trois enfants dont deux étaient encore mineurs. Veuve de chef d’Etat, certes, mais veuve tout de même avec des difficultés inhérentes à ce statut, à savoir, l’impossibilité de vivre à nouveau dans son pays, la crainte d’être à son tour tuée avec ses enfants… Elle se bat aujourd’hui pour que les assassins de son mari soient traduits en justice. »

Une vue de l’assistance présente au Palais du Luxembourg à l’occasion de cette journée

Dans la même perspective Madame Luisa Dologuele a fait état de ce qu’en République Centrafricaine, le conflit que vient de connaître le pays a fait des « veuves » de plus en plus jeunes. En effet, ces jeunes filles qui vivent avec des hommes impliqués dans le conflit armé se retrouvent souvent seules avec leurs enfants. Et souvent, les mères qui elles-mêmes sont déjà veuves, se retrouvent à élever leurs petits enfants qui ont perdu leurs parents.

Maître Kounkou a rappelé pour sa part le nombre important de morts causés par les différentes guerres qu’a connu le Congo-Brazzaville lors des différents conflits qui ont émaillés la vie politique de ce pays ces trente dernières années, près de 400.000 morts. Actuellement, la région du POOL est bombardée, des milliers de personnes sont tuées, d’autres déplacées, dans l’indifférence totale de la Communauté Internationale. Il a dénoncé cette folie politique qui ne cesse de « produire » des orphelins.

En s’appuyant sur son expérience dans la défense des veuves à la cour nationale du droit d’asile, Maître Kofana a invité le VEDAP et l’assistance a œuvré pour que les veuves soient reconnues comme un groupe social discriminé. En effet, les mauvais traitements qu’engendrent le statut sont si méconnus que souvent quand elles arrivent en France pour les fuir, le statut de réfugié leur est refusé.

Madame Honorine Nzet Biteghe, née Ntsame Allogo, magistrate hors hiérarchie, présidente de la première chambre consultative réglementaire du Conseil d’Etat du Gabon, Experte en matière électorale pour la Commission Électorale Autonome et Permanente (CENAP), Présidente de l’Observatoire des Droits de la Femme et de la Parité (ODEFPA), Consultant National en Droits de la personne et du Genre, femme engagée dans la défense des droits de la famille, des femmes et des enfants, ancien Ministre de la Famille et des Affaires Sociales, était la principale invitée de ce colloque. Elle est intervenue aux deux tables rondes.

Les autres intervenants étaient pour la première table-ronde, Madame Nazareth Vieira, veuve du Président João Bernardo Vieira, assassiné le 02 mars 2009 après avoir été démocratiquement élu en Guinée-Bissau, Ambassadrice pour la Paix Universelle et Membre de L’Amnesty International, Présidente de la Fondation "João Bernardo Vieira", spécialisé dans la distribution de dons humanitaires, Fondatrice de l’école francophone "Jean de la Fontaine" de Bissau ; Madame Luisa Dologuele, présidente de la Fondation « Espoir et Avenir », épouse de M. Anicet Georges Dologuele, candidat au second tour de l’élection présidentielle en Centrafrique, Maître Dominique Kounkou et Maître Emmanuel Kofana, tous deux avocats au Barreau de Paris.

Pour la seconde table-ronde, sont intervenus, Mme Nalinee Goojha, présidente de la Commission Femme de l’organisation Gopio francophone, représentante de la Loomba Foundation ; Mme Geneviève Lobier, enseignante à la retraite, conseillère au VEDAP ; M. Nick Mbadinga, enseignant, président de l’ONG SACRI international ; et M. Théodulos Kounkou, enseignant, promoteur du Projet « Site Rural d’Intégration Communautaire » (SRIC) au Congo-Brazzaville.

Le panel auquel l’invitée d’honneur Mme Honorine Nzet Biteghe a animé sa conférence

Dans cette table-ronde, la magistrate gabonaise, Mme Honorine Nzet Biteghe a dénoncé l’indifférence face à tous les mauvais traitements dont sont victimes les veuves de par le monde. L’ancien ministre des affaires sociales a présenté la situation des veuves au Gabon et a fait état des avancées réalisées dans le cadre de leur protection juridique. L’une de ces avancées est la dissolution du conseil de famille au sein duquel la veuve et les enfants n’avaient pas le pouvoir de décider. Les démarches pour l’obtention du capital décès octroyé à la veuve ont aussi été facilitées.

Cette intervention documentée par des actions de terrain et de plaidoyers menés sous le prise de Mme Nzet Biteghe, a permis aux participants de repartir avec beaucoup d’espoir tant elle a montré qu’il est possible de faire bouger les lignes. Aucun combat n’est perdu d’avance. Au contraire, lorsqu’on s’engage dans une lutte, avec abnégation et persévérance, la victoire est quasi certaine. C’est pourquoi le VEDAP a fixé rendez-vous à l’assistance l’année prochaine pour parler des avancées qui se feront pour la préservation de la dignité des conjoints survivants et de leurs enfants.

Dans la seconde table-ronde, il est ressorti que les veuves subissent les mêmes traitements dans plusieurs régions du monde. Quant à Mme Geneviève Lobier, elle s’est exprimée sur les cas typiques des veuves en République française, et Mme Nalinee Goojha, pour sa part a évoqué ceux de l’Inde. M. Théodulos Kounkou, quant à lui a présenté un projet qu’il réalise au Congo-Brazzaville pour venir en aide aux populations dans la région du Pool dont une partie est enclavée et manque de tous les produits de premières nécessité. En un mot un territoire où vivre est une prouesse étant privé de tout. C’est malheureusement cette même zone qui est bombardée depuis des mois par les forces de Monsieur Denis Sassou Nguesso.

Ainsi, lors de cette journée qui s’inscrivait dans la recherche des solutions pour préserver la dignité des conjoints survivants et leurs enfants, occasion a été offerte à M. Nick Mbadinga d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le phénomène des crimes dits rituels qui n’épargnent personne puisqu’au Gabon, un père de famille en a été victime, laissant derrière lui, des veuves et dix-sept orphelins. Il a rappelé que pour se maintenir au pouvoir, il suffit de répondre aux aspirations légitimes du peuple. Ces crimes à but fétichiste, souvent perpétrés autour de l’univers de la politique traduisent simplement la stupidité de leurs auteurs et de leurs commanditaires.

Rappelons que la journée Internationale des Veuves a été instituée par Lord Raj Loomba, sénateur Britannique, président fondateur de la Loomba Foundation, le 23 Juin 2005 et reconnue par les Nations Unies en décembre 2010, grâce, entre autre au plaidoyer de la diplomatie Gabonaise. Lord Loomba qui était l’invité du VEDAP l’année dernière a encouragé l’organisation a perpétuer ses actions, regrettant de n’avoir pas pu faire le déplacement cette année à cause de l’actualité politique en Grande Bretagne.

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