L’invité de la rédaction

Louis Aliot : « La Françafrique a été le pré-carré du gaullisme politique et du socialisme affairiste »

Louis Aliot : « La Françafrique a été le pré-carré du gaullisme politique et du socialisme affairiste »
Louis Aliot : « La Françafrique a été le pré-carré du gaullisme politique et du socialisme affairiste » © 2016 D.R./Info241

L’invité de la rédaction d’Info241 est cette semaine Louis Aliot, vice-président du parti français Front national, député européen, membre du groupe Europe nation et libertés.

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Le leader frontiste fait le bilan de la politique africaine de la France, donne les grands traits de ce qui sera la politique africaine de la France sous l’escarcelle du Front National et marque son indignation sur la situation post-électorale au Congo.

Quel regard jetez-vous sur la politique africaine de la France depuis 1960 ?

Louis Aliot : Je crois qu’on est arrivé au bout d’un système, de ce qu’on a appelé la Françafrique et que malheureusement depuis des décennies tous les présidents ont dit qu’il faut mettre fin à la Françafrique… et je pense que la Françafrique n’a jamais cessé.

Malheureusement ce ne sont ni les Socialistes, ni Les Républicains comme ils s’appellent, qui changeront quoi que ce soit puisque ce sont eux qui ont initié le système qui aujourd’hui maintient finalement deux choses : les populations dans la pauvreté et les élites dans une richesse indécente"

Effectivement, je pense que l’avenir non seulement du continent africain, de la Francophonie, des pays africains et des relations avec la France passera par la fin de ce système. Mais pour mettre fin à ce système, je pense qu’il faut totalement changer de politique.

De politique étrangère, de politique africaine… et malheureusement ce ne sont ni les socialistes, ni les républicains comme ils s’appellent, qui changeront quoi que ce soit puisque ce sont eux qui ont initié le système qui aujourd’hui maintient finalement deux choses : les populations dans la pauvreté et les « élites » dans une richesse indécente. Parce qu’il est là le problème.

Justement, le Front National n’est pas connu pour avoir des relations avec l’Afrique. On ne voit jamais vos responsables en tournée en Afrique, hormis Jean Marie Le Pen qui a effectué une tournée assez controversée en 1988. Quelle est la politique africaine du Front National ou quelle sera la politique africaine que vous mènerez lorsque vous serez au pouvoir ?

Louis Aliot : Ecoutez, d’abord aucun chef d’Etat Africain à l’époque hormis Houphouët Boigny qui était un ancien de la IVème République… aucun de leurs homologues ne se sont précipités pour rencontrer les cadres du Front National ou même les députés du FN pour une raison simple : c’est que c’était le pré-carré du Gaullisme politique et du socialisme affairiste en quelque sorte ou le mélange des deux. Donc nous avons toujours été dans des relations polies courtoises. Mais, c’est vrai que nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter sur le fond de ce que nous voulions pour la politique africaine.

Ce système est totalement bloqué et que de part et d’autres, les populations souffrent et personne n’ose parler du fond du problème".

Or aujourd’hui, on en arrive à un système absolument vicié qui est que l’appauvrissement de la France, sa perte de puissance à l’échelle du monde… Et les problèmes que nous connaissons, continentaux ceux-là, avec l’immigration et tout ce qui se passe au Moyen Orient et en Afrique. A cela s’ajoute aujourd’hui en Afrique, le maintien des conflits, des guerres, de l’instabilité permanente du continent africain malgré quelques belles réussites que l’on pourrait relever et le maintien de chefs d’Etats…

J’ai presque envie de dire de mafias à la tête de certains Etats, fait que ce système est totalement bloqué et que de part et d’autres, les populations souffrent et personne n’ose parler du fond du problème qui est la remise à plat de ce qu’il faudra pour l’avenir c’est-à-dire un dialogue franc, d’égal à égal entre les Africains et les Européens sur les bases d’un partenariat.

C’est en développant et en participant au développement socio-économique de l’Afrique que l’Europe retrouvera elle aussi une certaine stabilité".

Et nous au Front National, et il y a longtemps que je maintiens cela. Il faut aller vers une logique de partenariat avec l’Afrique, de bonne gestion, de stabilité institutionnelle, de développement économique mais de vrai développement économique.

Parce que je pense que c’est en développant et en participant au développement socio-économique de l’Afrique que l’Europe retrouvera elle aussi une certaine stabilité et pourra avoir un partenariat privilégié avec l’ensemble des pays africains… et avec les Africains eux-mêmes.

Sinon je crains que cette guerre économique mondiale et le maintien de ces réseaux de corruption à l’échelle continentale finisse par provoquer des guerres sérieuses sur le continent africain mais aussi en Europe.

Et cela ne sera bon pour personne. Il faut dire stop à cette machine infernale. Arrêtons ces jeux pervers de la droite et de la gauche et installons un dialogue. Je suis persuadé que moi en face, je trouverai des amis Africains qui partageront la même opinion.

2016 est une année électorale en Afrique francophone. Une élection fait parler d’elle particulièrement, c’est l’élection au Congo Brazzaville. Quel est votre avis sur la question ?

Louis Aliot : Le Congo-Brazzaville est un pays emblématique pour la France. Brazzaville a été la capitale de la France Libre. Il est étonnant de voir le silence étonnant de la France à propos de ce qui se passe actuellement au Congo Brazzaville… Sur ce que l’on aurait pu attendre des discours passés. C’est-à-dire une transition démocratique puisque manifestement le peuple souhaitait cette transition démocratique.

Il faut dire stop à cette machine infernale. Arrêtons ces jeux pervers de la droite et de la gauche et installons un dialogue".

Mais on ne peut pas, lorsqu’on est président le République Française tenir un discours à la Baule hier ou à Dakar il y a un an, où l’on parle de stabilité des institutions, de transition démocratique, de liberté, de démocratie et de pluralisme d’opinion… Et puis, quand le cas se présente rester muet, tolérer un certain nombre d’exactions voire de crimes, sans réagir… et finalement contribuer à l’abaissement de la France et de la voix de la France dans cette partie du monde.

Au bénéfice de qui ? Au bénéfice de nos concurrents de la planète entière. En l’occurrence, des Américains pour le coup, des Chinois même des Russes. Et là je pense que c’est une erreur géostratégique très importante parce que nous avons avec l’Afrique, avec le Congo, avec d’autres des relations privilégiées.

On sent quand même qu’il y a une certaine connivence et que personne ne veut y porter atteinte".

Nous partageons une langue commune, nous y avons de grands groupes installés. Ceci expliquant peut-être cela je ne sais pas. Et donc, on devrait aujourd’hui avoir des relations pacifiques lorsqu’elles méritent d’être pacifiques. Mais fermes lorsque les gouvernements ne se comportent pas de manière démocratique.

Malheureusement, je peux vous dire que moi à l’Union européenne, j’ai posé toutes les questions du monde à la commission, au Parlement, à la commission ACP et que je vois bien l’extrême prudence de la France et de l’Union européenne vis-à-vis de la situation des anciennes colonies françaises et des gens qui les dirigent aujourd’hui.

On sent quand même qu’il y a une certaine connivence et que personne ne veut y porter atteinte. Or en faisant cela on maintient le statu quo et cela se fait toujours au détriment des populations et de celles qui vivent malheureusement dans la pauvreté.

Propos recueillis par Jocksy Ondo Louemba, envoyé spécial à Strasbourg (France)

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