L’enseignant gabonais célébré entre promesses politiques et lucidité syndicale
Le Gabon a célébré ce mercredi sa journée nationale de l’Enseignant, placée sous le thème « l’enseignant comme acteur principal pour une éducation de qualité ». La commémoration officielle s’est faite à Libreville où le président gabonais Ali Bongo a promis un « pacte de responsabilité pour changer ensemble l’Enseignement au Gabon ». Une manifestation boudée par des syndicalistes dénonçant les discours démagogiques et l’absence de résultats du gouvernement sur ces questions.
Le choix du 23 mars pour célébrer l’enseignant gabonais est tout sauf fortuit. Cette journée est organisée depuis 2007 en hommage à l’enseignante Martine Oulabou Mbadinga assassinée le 23 mars 1992 lors d’une marche violemment réprimée par la police anti-émeute gabonaise.
Ali Bongo, invité d’honneur de la manifestation officielle de l’Enset
Ce jour-là alors que les enseignants entamaient une marche suite à un mouvement de grève très suivi dans le pays, l’Unité spéciale d’intervention (USI, police anti-émeute créée une année auparavant) avait usé de balles réelles sur les manifestants occasionnant le décès de l’enseignante qui se battait pour de meilleures conditions d’études et de travail.
La tombe de Martine Oulabou
24 ans après cet incident tragique, la situation de l’enseignant et des élèves n’est guère reluisante : effectif pléthorique, échec scolaire, défaut d’établissement d’enseignement... Toute chose que le président gabonais Ali Bongo a une nouvelle fois promis de remédier en annonçant un pacte de responsabilité pour l’enseignement au Gabon.
La commémoration de cette journée organisée à l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET), a par ailleurs été boudée par les syndicats du secteur pour son caractère propagandiste en faveur d’Ali Bongo, visiblement en campagne pour sa réélection.
La contre manifestation de la Conasysed à Nzeng-Ayong
Ces enseignants réunis au sein de leur intersyndicale dénommée Conasysed (Convention nationale des syndicats du secteur Education) ont boudé la manifestation officielle en organisant une leur propre manifestation à l’école publique de Nzeng Ayong 1. Ils dénoncent notamment les « discours démagogiques » et les promesses non-tenues du président gabonais en faveur de l’enseignant. D’autant que cette journée intervient quelque jours après l’arrestation le 17 mars dernier de deux enseignants par les autorités gabonaises.
Une journée nationale donc sous deux sons de cloche. Les syndicalistes avaient eux choisis pour thème « enseignant, garant des valeurs de la société », quelque peu différent de celui fixé par les autorités gabonaises.
@info241.com