Salve de réactions sur l’énième épisode de la filiation toujours controversée d’Ali Bongo
La récente sortie télévisée de l’avocate d’Ali Bongo sur la télévision publique gabonaise a généré de vives réactions à cette énième tentative salvatrice du soldat Ali Bongo, pris en faux dans l’opinion autour de sa filiation. Ne pouvant publier l’ensemble des textes reçus à cet effet par notre rédaction, nous vous en livrons plutôt une synthèse. Remerciant au passage leurs auteurs.
Samedi soir dernier, à la télévision nationale gabonaise, pour la énième fois depuis fin 2014, date de l’éclatement publique de la controverse, plusieurs gabonais ont regardé avec stupéfaction la « plaidoirie » de Dumont-Beghi l’avocate d’Ali Bongo sur la question de son acte de naissance querellé dans l’opinion.
Dans sa volonté de défendre la version des faits de son client, cette avocate qui est tout sauf un ténor du barreau français, s’est outrée sur les rumeurs de la filiation d’Ali Bongo qu’elle qualifie comme une fiction et une machination politiques. Car selon elle, son client est le « fils d’Omar Bongo Ondimba ». Affirmation que nul ne doute ; mais ce qu’elle feint d’ignorer, c’est que la quasi-totalité des Gabonais savent qu’Ali Bongo n’est pas un fils biologique mais plutôt le fils adoptif de Bongo et de Nkama Joséphine comme tant d’autres.
De la légitimité à s’intéresser à la filiation d’Ali Bongo
En suivant son intervention à travers une vidéo-conference certainement faite depuis la métropole, les gabonais étaient partagés entre surprise, découragement et la désinvolture de voir qu’une dame, certes qui défend « son bout de pain », vienne « insulter » l’intelligence de tout un peuple.
En effet, Me Claude Dumont-Beghi a dans son adresse, exprimé son engagement à tout faire pour démontrer à la communauté nationale et internationale que son client serait victime d’une cabale. D’où une plainte pour diffamation et une affirmation de parjure serait déposée contre toutes les personnes qui oseraient dénoncer la filiation de son client Ali Bongo à son défunt père. Pourquoi proférer des menaces à l’endroit des citoyens gabonais alors qu’il n’est pas extraordinaire que des citoyens d’une nation s’interrogent sur les origines de leur président ?
Aux USA par exemple, Barack Obama n’a-t-il pas présenté son acte de naissance lorsque les journalistes et le camp adverse ont douté de sa filiation ?! Aujourd’hui, le débat pour lui, n’est-il pas clos ? Pourquoi au Gabon, Ali Bongo se serait en droit de détenir plusieurs actes de naissances sans que cela ne pose question ? Et pourquoi ne veulent-ils pas que l’on s’y intéresse a son cas quand celui-ci tient la destinée de tout un peuple depuis un septennat ?
Une ruée archéologique pour démêler l’acte de naissance d’Ali Bongo
Pis encore, il est pour le moins étonnant, et même pour un nouveau-né, que la présentation d’une pièce d’état civil aussi insignifiante qu’un acte de naissance, qui est requise à toutes les démarches administratives de la vie d’un individu, durant sa scolarité (primaire secondaire universitaire), dans la sphère professionnelle et extra professionnelle et même dans la vie politique entre autres, provoque chez un prétendu fils de président de la République - la cinquantaine révolue et dont le père a régné pendant 42 ans de pouvoir sans partage - donne lieu à une véritable recherche archéologique.
Nous savons qu’Ali Bongo a été député pendant plusieurs mandats, ministres et PDG de grosses entreprises au pays durant le règne hégémonique de son père. Mais l’on se demande avec quelle pièce écrite s’est-il présenté pendant toutes ces élections ? Alors nos institutions seraient-elles aussi complices de ce défaut d’authenticité ?
Aujourd’hui plus que jamais, les Gabonais ne sont de plus en plus curieux, consternés et voire même révoltés par ce passe-droit dont lui seul aurait bénéficié de la part de l’administration gabonaise. Et ce ne sont pas les propos d’une avocate en video-conférence qui viendrait faire taire cette grogne qui prévaut désormais au Gabon. Le peuple en a déjà assez de cet « enfant adulte » que tout le monde vient trancher le nœud gordien sans pourtant en convaincre plus d’un. Aujourd’hui, même un enfant du cours primaire pourrait comprendre qu’il y a un problème si on lui explique la situation en de termes simples.
Une "wonder woman" nommée Nkama
Pour prouver nos assertions, en avril 2009, alors que personne ne lui avait rien demandé, Joséphine Nkama, est passée sur la télévision publique gabonaise pour affirmer qu’elle avait mis au monde son fils Alain Bernard Bongo, le lundi 9 février 1959 à Brazzaville, à l’Hôpital général de Brazzaville. D’après les documents officiels, en 1959, Joséphine Nkama est supposée être âgée de 14 ans et elle déclara avoir accouché de son fils par césarienne, une méthode chirurgicale dont la pratique n’était pas encore courante dans cet hôpital et dont aucune trace n’a été retrouvée par toutes les personnes qui ont vérifié aussi bien directement à Brazzaville qu’en France dans les archives de santé Naval.
Aussi, dans son témoignage, Joséphine Nkama affirma que le lendemain de son accouchement par césarienne, elle avait dû fuir l’hôpital car Brazzaville était en guerre et des tirs fusaient de partout. Donc, sachant qu’une césarienne consiste à placer la mère sous anesthésie, l’opération nécessite plusieurs jours de récupération avant que la mère ne puisse être mobile et il faut environ deux semaines pour que la femme retrouve ses facultés. Seulement notre "Wonder woman" nationale, Joséphine Nkama, s’est remise immédiatement d’aplomb malgré les effets de l’anesthésie générale, prit son enfant sur ses bras, et s’enfuit de l’hôpital en évitant au passage toutes les balles qui étaient tirées. Quelle imagination !!! On se croirait dans le film Matrix avec l’acteur Keanu Charles Reeves.
Or, tous les historiens s’accordent à démontrer que les violences ne se déclarèrent au Congo Brazzaville en février 1959 que vers les 16, 17 et 18, c’est-à-dire une semaine après la naissance du miraculé Alain Bongo. Les 9 ou 10 février 1959, aucun coup de feu ne fut tiré dans aucune des rues de Brazzaville. Notre Keanu Reeves à la gabonaise, âgée de 14 ans, suite à une césarienne toute fraîchement recousue, fuyait donc quoi en s’emparant de son bébé et évitant les balles.
Un balai de défense sans effet
Mais ce n’est pas tout. En 2014, la sœur Pascaline Bongo, l’oncle Assélé Jean Boniface, et les parents de Léon Mba (des témoins hors pairs recrutés dans les bas quartiers de Libreville) sont venus tour à tour faire un plaidoyer sur la télévision publique gabonaise, à la solde du pouvoir, pour affirmer la filiation du « nourrisson adulte » Ali Bongo avec Omar Bongo.
Avec tout ce cirque, les gabonais ne commenceraient-ils pas à ressentir un ras-le-bol sur la saga Ali Bongo. Et comme si les gabonais n’en avaient pas déjà assez de cette fouille archéologique, voici qu’on nous envoie aussi cette dame piteuse faire son plaidoyer.
Ainsi, comme l’affirme un internaute : "je n’ai pas pu m’empêcher, humainement, de ressentir un sentiment de pitié pour elle. Elle était certes dans son rôle, défendre son client, même le diable a droit à un avocat. Mais l’impression que m’a laissée cette avocate est plus que négative. Elle s’accroche à sa défense maladroite comme un chien à son os. Mais connaissant la détermination de la plaignante et de son conseil, et compte tenu des éléments du dossier en leur possession, il est à prévoir qu’ils exploreront toutes les voies de droit pour dénouer le nœud gordien qu’Ali Bongo s’est lui-même noué autour du cou".
Une personne qui se noie s’accroche à tout, même à un serpent
Me Dumont-Beghi qui certainement défendrait son bout de pain même s’il faille aller en enfer, vient brandir des menaces à l’endroit du peuple gabonais. On imagine ce même scénario en France ou un simple avocat vient menacer le peuple français dans leur territoire juste pour défendre son président. Il n’y a que sous les tropiques où ce genre d’histoire pourrait se faire.
Contrairement à ce qu’a tenté d’accréditer cette dame, la lettre du procureur de Nantes n’est pas favorable à son client, même si pour elle les gabonais sont de mauvais locuteurs de la langue de Molière et de Voltaire. Cette lettre dit en substance : "les actes de naissance présentés à Nantes sont des faux, et ces faux ont été fabriqués au Gabon et non à Nantes. C’est donc les juridictions gabonaises qui sont compétentes pour en connaître, d’autant qu’aucun des protagonistes du dossier n’est de nationalité française".
Comme l’affirme un internaute : « En renvoyant cette affaire devant les juridictions gabonaises, le procureur de Nantes a fait d’une pierre deux coups : dédouaner la France de toute responsabilité dans cette grossière arnaque, et mettre les juridictions gabonaises face à leurs responsabilités. S’il n’est pas interdit de penser qu’en opérant de la sorte, le procureur de Nantes a, d’une certaine manière, voulu aider Ali Bongo, dans la mesure où ces démarches n’auront aucune chance de prospérer au Gabon où la justice est à la botte du pouvoir exécutif, l’on peut aussi penser que c’est une manière habile d’inviter le peuple gabonais à prendre directement ses responsabilités face à une affaire qui risque d’être enterrée par une justice aux ordres, qui n’a jamais voulu donner suite à toutes les démarches déjà entreprises au Gabon à propos de ce dossier ».
Pourquoi l’avocat d’Ali Bongo veut réduire les Gabonais au silence sur cette affaire de filiation controversée alors que la procureur de Nantes a bel et bien démontré que ces pièces étaient fausses. Les gabonais n’ont-ils pas le droit de connaitre la véracité de cette fouille archéologique des origines douteuses de celui qui commande à leur destinée ? Se croit-elle à l’époque coloniale ou le bon colon brandissait la chicote et fouettait le pauvre nègre qui se remettait vite au travail ? Non, nous pensons que le monde évolue et les Gabonais avec. Il ne suffit pas de venir monopoliser la parole durant une heure dans les chaînes sacrifiées par le pouvoir pour faire de nous des parfaits béni-oui-oui.
Un argumentaire sans saveur
De plus, l’avocate d’Ali Bongo s’est littéralement désagrégée sur le petit écran. En essayant de défendre l’indéfendable, d’expliquer l’inexplicable, elle s’est fourvoyée dans un argumentaire sans saveur, truffé de contradictions et de non-dits. Elle n’a pas pu expliquer pourquoi une seule personne posséderait trois actes de naissance différents les uns des autres. Elle n’a rien dit sur cette démarche des membres de la diaspora gabonaise auprès du service de l’état-civil de Nantes pour accéder à l’original de l’acte de naissance d’Ali Bongo supposé y être archivé, démarche qui avait poussé les autorités de ce service à reconnaître que le nom d’Ali Bongo ne figurait pas dans les archives de Nantes.
En réalité, une manipulation, que l’on pourrait qualifier de diplomatique, s’est opérée entre le moment de la démarche de la diaspora gabonaise et le fameux extrait sorti étrangement du même service d’état civil de Nantes. Et cette manipulation s’explique par l’embarras des plus hautes autorités françaises écartelées entre l’indépendance de la justice française et les exigences de la Françafrique qui transcendent les clivages politiques au pays de Montesquieu. Un vrai nœud gordien pour Hollande et le nouveau locataire des Afffaires Etrangères Jean Marc Ayrault.
Une méconnaissance des réalités africaines en matière de jurisprudence
L’avocate ne parvient pas à expliquer pourquoi la transcription d’un acte de naissance supposé avoir été établi à l’étranger (Brazzaville) a été effectuée à la mairie du troisième arrondissement de Libreville au lieu du premier arrondissement comme l’exige clairement la loi gabonaise. À cette question opportunément posée par une journaliste, l’avocate a botté en touche, préférant se perdre dans des explications où la mauvaise foi se disputait à l’incohérence.
Par ailleurs, les gabonais sont dégoûtés également car cette quinquagénaire qui fait tout pour amasser le plus d’argent du contribuable chez son client et être ainsi à l’abris du besoin grâce à une retraite bien dorée à la Côte d’Azur, ne semble pas connaître l’importance d’une Constitution dans l’ordonnancement juridique et institutionnel d’une République.
Pourtant elle est tout de même avocate !!! Faut-il lui rappeler que la Constitution n’est pas un simple texte juridique. Que c’est la norme des normes, le pacte qui lie l’Etat à la Nation. Faut-il lui rappeler que violer délibérément ce pacte républicain, comme l’a fait son client, et venir ensuite prêter, sur cette même Constitution, le serment "de la protéger de toute violation", constitue un parjure. Que par cet acte d’un incivisme sans nom, son client a brisé le pacte que la Nation a passé avec l’Etat, et cet acte relève de la haute trahison.
Enfin, elle n’explique pas pourquoi quelqu’un qui possède un acte de naissance authentique a eu besoin de recourir à un grossier faux pour constituer son dossier de candidature à l’élection présidentielle de 2009 ? Ni ne dit lequel de ses multiples actes de naissance son client compte introduire dans son dossier de candidature pour la prochaine élection présidentielle prévue cette année. Ni quelle qualification donne-t-elle du fait de présenter un faux pour contourner les verrous constitutionnels de l’article 10.
Ce sentiment de révolte a été décuplé par la condescendance et le mépris de cette avocate à l’endroit de la plaignante, de sa famille et des gabonais. Seule devant le plateau, sans contradicteurs, devant des journalistes complaisants, elle a donné libre cours à la haine, frisant l’indécence et laissant affleurer, par moment, un néocolonialisme anachronique.
À ce propos, et pour une information équitable des gabonais, il est impératif que Gabon Télévision ouvre aussi ses antennes à l’avocat de la défense. C’est une question de déontologie journalistique comme l’affirme un internaute.
@info241.com