La confusion des genres semble désormais être la marque de fabrique de Daniel Ona Ondo et du gouvernement qu’il dirige. Après avoir jadis mobilisé quelques membres de son gouvernement pour une visite du chantier de la future maison du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1967) dont il est issu, le Premier ministre s’est servi ce lundi à Libreville des installations abritant ses services pour solder une affaire strictement partisane.
Les bureaux du PDG délocalisés à la Primature !
Il s’agissait cette fois-ci, d’un partage du gâteau politique de Bitam par les membres de son parti. Une confusion de genre qui signe la méconnaissance réelle et volontaire de nos dirigeants des valeurs républicaines qui se vantent pourtant de défendre dans leurs discours politiques à foison.
Telle la confusion mentale définie en psychologie clinique, le gouvernement gabonais et les membres du PDG semblent atteints de confusion politique à la gabonaise en raison certainement, de l’inexistence de véritables contre-pouvoirs, pouvant les aider à conjurer l’autoritarisme, la confusion des genres et l’abus de pouvoir. Ces derniers sont mêmes l’apanage du sommet de l’Etat.
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Un nouveau travers de la démocratie à la gabonaise où le chef du gouvernement utilise les moyens de l’Etat pour servir la cause de son parti. Il s’agit là d’un abus flagrant du « parti-Etat » des biens publics à des fins partisanes. Celui que la constitution gabonaise désigne comme Premier ministre, s’est pourtant servit hier des édifices républicains pour amender, en sa qualité de membre du comité permanent du bureau politique du PDG pour le Woleu-Ntem, les résultats de la concertation de son parti dans le partage de la ville de Bitam entre les membres de son parti.
Une vue des partisans du PDG lors de cette rencontre « républicaine » à la Primature
Une messe politique partisane mais curieusement régalienne !
Daniel Ona Ondo n’était pas seul dans cette tache honorable pour notre république démocratique balbutiante. Il s’est entouré de plusieurs ministres de son gouvernement issus de cette province en chef de bande ethnique,¨pour remplir le caractère très officiel de cette cérémonie de travail rentrant visiblement dans les attributions de notre Premier ministre.
Parmi les convives à cette messe politique du PDG au sein de la Primature, on comptait sur la présence de la ministre déléguée à l’Economie, Marie Julie Biloghe Nze Ndong qui a reçu des mains du ministre de l’Economie Numérique et de la Poste, membre du bureau politique du PDG de la commune de Bitam, Pastor Ngoua N’neme, les conclusions de la concertation ayant regroupé à Libreville les conseillers municipaux PDG le dimanche 6 décembre 2015. Tous ressortissants de la province du Grand nord. République, vous avez dit république ?
Comble du comble, la page facebook officielle de la primature gabonaise s’en vante pleinement de cette activité « régalienne » des services du premier ministre. On peut y lire :"Ces deux militants [le camarade Jean-Pierre Obiang-Zuè-Beyeme et un un ressortissant de la communauté Haoussa en la personne de Baba Adama Ayouba] de premier plan vont défendre, dans quelques semaines, les couleurs du PDG à ces élections partielles des membres du bureau du conseil municipal de Bitam, en lieux et places de Clotaire Edou-Nkoulou, exclu du PDG (on lui a reproché d’être de connivence avec l’Opposition) et de Janvier Ekeghe Mvé, récemment élu sénateur communal de Bitam". Hérésie communautaire, quand tu nous tiens !
Confusion des attributions républicaines et de la géopolitique
S’il est bien admis que le premier ministre puisse être d’un bord politique déterminé, il lui appartient à l’inverse de respecter l’usage du bien public de l’Etat pour une utilisation privée pour son parti. C’est bien là, l’illustration de la République bananière à la gabonaise. Une sorte de « République » privée où les moyens de l’Etat se confondent à ceux du parti au pouvoir. Les frontières entre les activités politiques du PDG et celles du premier ministre s’entremêlent sans que personne, les concernés en premier, ne s’en émeuvent !
Le premier ministre, membre à dessein du comité permanent du PDG pour le Woleu-Ntem (Nord du Gabon) répond ainsi à une géopolitique tropicalisée et vidée de son essence. Issue de la gouvernance ethnique du président-fondateur de ce parti, Omar Bongo mort au pouvoir, de quelle géopolitique parle-t-on ? C’est d’ailleurs cette méthode machiavélique de partage du pouvoir à travers les communautés linguistiques gabonaises qui a fait le secret de la longévité de son parti au pouvoir depuis près de 50 ans. La raison insipide d’un succès qui a enterré la notion d’Etat !
Ce partage malsain géolocalisé des postes politiques au détriment des compétences et des lois qui régissent la fonction publique gabonaise visait à éradiquer toute forme de contestation de cette hégémonie par des nominations ethniques délocalisées. On voit que ces recettes huilées fonctionnent mal à propos depuis août 2009, date de la transmission royale du parti par son fils et digne héritier politique Ali Bongo Ondimba. Ce dernier à présider durant tout son mandat, une confiscation flagrante des institutions républicaines à des fins de propagandes politiques vantant son PSGE à toutes les sorties publiques médiatisées sans réaliser les projets annoncés.
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