Les architectes du système quadragénaire PDG quitte le navire : imposture politique ?

Les architectes du système quadragénaire PDG quitte le navire : imposture politique ?
Les architectes du système quadragénaire PDG quitte le navire : imposture politique ? © 2014 D.R./Info241

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Des démissions d’anciens hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) ont ponctué dernièrement l’actualité politique nationale. La plus récente, annoncée le 6 mars dernier de l’éminence grise, du communicateur de choix Jacques Adiahénot s’est adjoint à celle de l’une des voix imposantes de la diplomatie gabonaise : Jean Ping. Traduisant ainsi le malaise qui gagne peu à peu la majorité au pouvoir dans ses tribulations à congestionner la nouvelle génération du parti en guerre contre l’ancienne dont Omar Bongo fut le fin conciliateur.

Les deux démissionnaires fut des fidèles-bâtisseurs aux côtés du feu président-fondateur de ce parti, Omar Bongo Ondimba. Mais aussi et surtout, artisans durant plus de quarante ans de l’enracinement de la grande machine à gagner du Parti démocratique gabonaise (PDG). A la demande de nos lecteurs, Info241 a interrogé des spécialistes, politologues, historiens, témoins de la vie politique gabonaise pour recueillir leurs sentiments sur cette actualité brûlante.

Contexte historique et politique : les rôles de Jean Ping et de Jacques Adiahénot dans le PDG

Pour faciliter la compréhension de ces deux sorties politiques étonnantes marquées de démission du navire PDG qui jusqu’à présent constitue les joutes de discussions dans les quartiers populaires du Gabon, rappelons-nous à toute fin utile, le contexte historique et politique gabonais.

D’abord, revenons sur le parcours politique des deux grands démissionnaires taxés d’hommes « courageux qui ont osé dire non à la politique d’amateurisme, de maquette démesurée, de déperdition identitaire, dite de l’émergence d’Ali Bongo Ondimba » pour la population gabonaise se revendiquant de l’opposition et des « deux vieux baroudeurs politiques traîtres aigris envieux de la nouvelle génération politique et de l’espoir incarné par la politique de l’émergence » pour les partisans du plan stratégique Gabon émergent (PSGE) et du parti démocratique gabonais (PDG).

« Jean Ping a été du temps du règne national impérieux du feu président Omar Bongo Ondimba », nous fait remarquer un politologue gabonais qui a requis l’anonymat, « le génie des actions parfois fourbes de la diplomatie gabonaise. Bilingue ou trilingue, il a baigné profondément dans les eaux caverneuses du PDG et a contribué largement à construire le magister du système politique du parti au pouvoir depuis plus de 40 ans. Il a été sur tous les coups politiques depuis 1990 où la pluralité d’expression politique a tenté de faire jour aux pays des valeureux guerriers, esclaves libérés. »

Un autre son cloche, cette fois si d’un historien gabonais sous couvert d’anonymat nous présente Jean Ping sous ces traits : « il a été non seulement un acteur historique de la trahison politique nationale, mais aussi, un traître vomi par sa propre famille, c’est-à-dire les valeureux combattants pour la véritable alternance politique démocratique, ses défunts frères Joseph Rendjambet et l’avocat universitaire Agondjot Okawet, torturé toujours pour la même lutte, et qui a vécu toute sa vie avec les stigmates de la violence qu’on accordait aux opposants gabonais à l’époque d’Albert Bernard Bongo. Et ce qui nous gêne, nous historien et c’est blessant, ce qu’il brandit avec fierté ces deux noms de combattants pour la liberté qu’il a farouchement combattu de leur vivant ».

C’était le gendre idéal du défunt Omar Bongo, poursuit-t-il : « ayant eu une relation avec la trésorière financière de la famille Bongo, ancienne chef de cabinet du président de la république, Pascaline M’ferry Bongo Ondimba, qui détient l’argent dit des biens mal acquis volé à la solde du peuple gabonais, arrosée d’une progéniture à la clé. D’ailleurs c’est ce qui lui vaudra qu’il soit reconduit dans quasiment tous les gouvernements et à maintes fois, Ministres des Affaires étrangères avant son élection à la Commission de l’Union Africaine avec l’appui de son beau père et de toute la classe politique du PDG ».

En ce qui concerne, le très discret, communicateur, Jacques Adiahénot, nous dit le politologue gabonais, «  il faisait partie de la caste des « privilégiés intouchables, cerveaux Mpongwe d’OBO ». Il fut notamment Haut représentant du chef de l’Etat, de 1994 à 1999, député à l’Assemblée nationale de 1996 à 2012, ministre d’État à la Communication de février à décembre 1994, ministre d’Etat à l’Habitat, au Logement et à l’Urbanisme de 1999 à 2007 et ministre de la Marine marchande de 2007 à 2009, à la mort d’Omar Bongo. »

Comme on peut l’observer, ces deux éminentes personnalités politiques gabonaises, Jean Ping et Jacques Adiahénot ont, comme relève certains citoyens gabonais interviewés, « toute la barbe et la gorge mouillées de la dite intarissable source du système politique machiavélique du PDG. Ils sont peut-être aigris, car Ali Bongo et ses nouveaux conseillers étrangers, notamment l’actuel Raspoutine, directeur de cabinet de la présidence de la République, Maixent Accrombessi fustigent leurs heures de gloire et ne souhaitent plus leur associer à la gestion et au partage des richesses du gâteau Gabon. C’est une guéguerre d’égos politiques, loin des aspirations d’alternance politique du peuple gabonais. On les connaît tous, ironisent-t-ils  ».

Les interrogations des interviewés diffusent. Elles sont très enrichissantes et décrivent le climat politique et social présent du Gabon. « Est-ce que ces caïds du pouvoir sont-t-ils vraiment des opposants ou des hommes aigris nostalgiques de leurs heures de gloire politique ? Où étaient-t-ils en 2009, lors de l’élection présidentielle anticipée ? Pourquoi avoir gardé un silence complice lorsque les citoyens gabonais de Port-Gentil et bon nombre de la population se sont soulevés au péril de leur vie en revendiquant l’alternance politique au Gabon ? Ces sorties politiques ne coïncident-t-elles pas avec la pression ombragée des autorités françaises face à la revendication légitime du pouvoir émergent suite au paiement du délit fiscal de Total Gabon ? Le peuple gabonais se fera encore une fois de plus trompé sous leurs yeux ? Nous les avons tendu le dictaphone afin qu’ils s’expriment à ce sujet . »

L’imposture politique ou enfin une vérité de l’affirmation des convictions politiques ?

D’aucuns disent que ces deux sorties médiatiques constituent « les énièmes supercheries des hommes politiques gabonais. Rien ne peut plus nous étonner au Gabon. Plusieurs générations ont déjà assisté moult fois à des retournements des vestes, faits médiatiques quotidiens. Et souvent au prix des sacrifices et des vies des citoyens gabonais. Leur seul profit est aiguillonné par l’envie du pouvoir ou constamment lorsque leurs intérêts personnels sont mis en mal ». L’exemple le plus marquant de l’histoire politique gabonaise et souvent ressassé par les intervenants, est le tonitruant clergé bûcheron de l’ancien Rassemblement National des Bûcherons (RNB), actuel RPG, le tristement célèbre Père Mba Abessolo.

Il y a un fait capital souligné par les citoyens gabonais interrogés lors des conférences de presses de Jean Ping et de Jacques Adiahénot, « nous avons été interpellés par la présence et la mobilisation d’une prétendue horde de l’opposition figurée, ‘’souverainiste’’. On peut citer entre autres, Zacharie et Chantal Myboto (ex baron fervent fidèle du PDG et bien-aimée engagée du défunt président OBO), Jean Eyéghé Ndong (dernier Premier Ministre sous l’ère d’OBO, barde du PDG), le brillant cardiologue Dr Pierre André Kombila Koumba (Ministre sous tutelle d’OBO, membre convaincu de la majorité présidentielle), le polémiste Albert Yangari (Ancien ministre de la communication, ancien patron du quotidien pro-gouvernemental, l’Union à la solde du PDG), Paulette Oyane (Ancienne ministre, avocate d’OBO en 2005 face à Pierre Mamboundou, activiste actuelle pour les droits de l’homme). »

Mais aussi, certains enfoncent le clou en établissant également « la forte marque d’adhésion de la garde du militantisme de l’arrivée d’un « Moïse libérateur » dont l’une des figures de proue est Jean-Pierre Rougou et certains membres du gouvernement dit du PNUD d’André Mba Obame, ceux du courant « Souverainiste » de l’épiphénomène freiné, Union nationale. Enfin, étonnamment nous avons relevé la présence inattendue d’anciens hommes politiques à la retraite, à l’instar de Paul Malékou (ancien ministre, haut cadre du PDG, camarade de la première heure et partisan assidu d’Omar Bongo) ou du Dr Marcel Eloi Rahandi Chambrier (ancien président de l’Assemblée nationale sous l’identité PDG, hiérarque du parti qui a soutenu ALI Bongo lors des dernières élections présidentielles en 2009), père de Barrault Chambrier un ménestrel et ami de l’émergence . »

Face à ce constat souvent amer des citoyens lambda questionnés, nous avons été obligés de réactualiser un dicton populaire, « seuls les imbéciles ne changent pas ». Pour effectivement tenter malgré ce poids historique de trahison et de déception populaire, de prêter à ces hommes politiques dits de l’opposition gabonaise, le bénéfice du doute. Car, raison gardée, il peut s’agir cette fois si, et ce fait sera historiquement gravé dans « les mémoires courtes », souvent reprochés du peuple gabonais, l’une des rares affirmations de convictions politiques réelles dont la dernière mitigée reste incontestablement celle de l’orateur, Pierre Mamboundou, défunt opposant historique, fondateur et président du parti chancelant, Union du Peuple Gabonais (UPG) ancien député-maire de la commune de la dola (Ndendé, sud du Gabon) naguère bastion de l’opposition gabonaise, désormais aux commandes du roitelet DGB, Yves Fernand Manfoumbi, secrétaire générale adjoint du PSGE,

En effet, l’histoire politique sous d’autres cieux est souvent émaillée de plusieurs soubresauts, défections, adhésions, mais aussi d’affirmations des idéaux et espérances politiques qui donnent naissance à plusieurs courants. Le cas de figure gabonais est plus que mémorable. Depuis plus de 40 ans, Il y a deux fortes colorations vacillantes qui se dégagent. Une teintée d’envie à tout prix d’une alternance politique, expression de l’enterrement périlleux du système politique PDG qui a pris promptement des ailes d’émergence. Celle-ci tient mordicus à la fin du règne de la famille Bongo au pouvoir. L’autre couleur marquée se veut conservatrice du système politique quadragénaire. Et quoi qu’on en dise, au regard de la célébration populaire bien que mitigée (à cause des défections des cadres) du 46ème anniversaire du PDG, le 12 mars dernier, continue pleinement à soutenir le parti au pouvoir. Mais aussi, certains citoyens donnent passionnément du crédit à la politique de la nouvelle génération conduite par des fins architectes. Le plus souvent argentiers maçons, ou gourous de sectes d’ombre (La Panthère noire), souvent taxés par les citoyens interrogés comme des « opulents, spécialistes du détournement des deniers publics et de la gabegie à la gabonaise avec pour idéologie et stratégie tactique, le fameux Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE). »

Et comme seule l’histoire nous renseigne et enseigne toujours, déclare l’historien gabonais « nous suivrons avec intérêt le déroulement et la progression de cette brûlante actualité politique gabonaise. L’année 2016, échéance du magister du challenger ABO approche à grands pas. Et comme le peuple gabonais souffre d’une naïveté parfois singulière, la fibre patriotique dite de l’opposition gabonaise et les velléités d’opposant radical d’hommes souvent à la solde du pouvoir en place se révèlent précipitamment ». Mais ne versons pas très hâtivement dans un pessimisme, relève le politologue « cette expiration n’est lointaine. Nous assisterons encore une fois de plus à un ballet théâtral comme celui de 2009 orchestré des mains de maître par les connivences souvent inespérées de la classe politique gabonaise qui inspirent une œuvre dramaturgique dont Molière détient le secret. Et ce, souvent laissant de côté le désir du peuple qui gagnerait fortement pour faire entendre leurs voix à s’inspirer des printemps arabes ou du soulèvement de la célébrissime place de Maïndan ukrainienne. Pour l’heure, la jeunesse universitaire gabonaise de l’UOB est préoccupée à juste titre par les sempiternelles grèves revendiquant le paiement une fois de plus de leurs allocations d’études (bourses). »

I241/HAMN/2014

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