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Le quotidien Libération au chevet de la Françafrique à Libreville ?

Le quotidien <i>Libération</i> au chevet de la Françafrique à Libreville ?
Le quotidien Libération au chevet de la Françafrique à Libreville ? © 2015 D.R./Info241

Mengue M’Eyaà présidente du conseil exécutif du Mouvement Civique du Gabon (MCG) et présidente du Mouvement Civique des Femmes, s’insurge contre la malicieuse rencontre France-africaine organisée par Libération. Intitulée « Gabon forum citoyen », elle se tiendra du 9 au 10 octobre 2015 à Libreville. L’activiste pointe l’imposture d’un tel projet, car selon la journaliste gabonaise, le canard vient "au secours de M. Bongo", d’où le Mouvement appelle au boycott.

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Selon les organisateurs, dont la plus part sont des journalistes du média français, de tendance gauche, qui ont pu enrôler la société civile, partisane et pro-gouvernementale, ce forum est un « rendez-vous incontournable des intellectuels, des politiques, des décideurs, des artistes, des journalistes, etc. ». Une messe ’’France-africaine’’ qui réunira des férus de Jacques Foccart comme Alain Joyandet, ancien secrétaire d’Etat à la Coopération, sous l’ère Sarkozy.

Le « forum citoyen » de Libération qui est à sa 7ème édition, viserait à mutualiser les expériences professionnelles sur divers thèmes de société, mais aussi d’actualités. Et ce souligne Libération " à travers des échanges controversés et démocratiques". Neuf thèmes variés et plusieurs domaines passeront en revue. Dont : culturel, artistique, économique, politique, social, international et médias.

Le collabo Nicaise Moulombi, président du réseau-cour du pouvoir réunissant semble-t-il des organisations de la société civile pour l’Afrique centrale et Laurent Joffrin, directeur de la publication et de la rédaction de Libération ont indiqué que ce conclave, qui a des allures publicitaires, réunira deux jours durant, "les représentants de la société civile et les personnalités politiques, comme Dominique De Villepin, ancien premier ministre du gouvernement Français. Sans oublier un parterre d’hommes d’affaires dépêchés de Paris.

Une affiche faisant la satire de cet événement ’’citoyen de Libération

Mengue M’Eyaà fait remarquer dans son analyse les diverses contradictions du choix du Gabon, pour abriter un tel événement dit citoyen. Dans un pays qui est sous l’emprise de la famille Bongo et d’un parti-Etat, PDG depuis 1967. Ajuste titre, l’ancienne journaliste d’Africa n°1 fait remarquer que pour Libération, "il y a d’un côté les bonnes vieilles colonies africaines dont le Gabon et de l’autre la dénonciation morale des horreurs de l’humanité."

Rappelons que Jacques Foccart, le « monsieur Afrique du général De Gaulle », est devenu en quarante ans d’exercice du pouvoir, dans l’ombre, le symbole de la Françafrique. Bien que mort en 1997 à 83 ans, ses réseaux et lobbys mafiosi sont toujours là, bien vivants en Afrique francophone. Ainsi, lors du décès d’Omar Bongo, l’occasion fût de rappeler que c’est Foccart qui l’avait placé à la tête de l’Etat en 1967. Comme il l’a procédé par le concours de son réseau au sein des pays francophones, anciennes colonies françaises.

Nous vous livrons dans les lignes qui suivent l’intégralité du l’argumentaire de Mengue M’Eyaà.

Le journal Libération titrait récemment son interrogation sur les polémistes réactionnaires imposés dans les médias en France. Il lutte donc contre les réactionnaires mais Libération n’hésite pas à venir au secours de M. Bongo. Il y a d’un côté les bonnes vieilles colonies africaines dont le Gabon et de l’autre la dénonciation morale des horreurs de l’humanité.

Or, pour les Gabonais, M. Bongo emprisonne, empêche la démocratie et finalement est au pouvoir de manière illégitime. Que veut donc prouver Libération ? Que M. Bongo est respectable ? Ils auront toutes les peines du monde à cela. Alors ?
L’argent de la corruption de M. Bongo circule dans le monde entier. Il circule en Europe, en France....

Bien sûr, la ficelle est désormais un peu grosse, et il est de plus en plus difficile aux responsables français de s’afficher auprès d’Ali Bongo. Alors, les coups de main sont plus discrets : un passage sur RFI par ici, un publi reportage par-là, des forums aux statuts indéfinis au service du « moderne » Ali Bongo, dont on oublie le tortueux parcours et la naissance obscure, qui aurait dû l’interdire de revendiquer le pouvoir présidentiel.

Il y a aussi les voyages de personnalités françaises, dont on aimerait qu’elles soient discretes pour célébrer, comme par hasard, la COP 21 au Gabon, ou, celui de cette autre personnalité, dans une improbable campagne d’adressage à Libreville, en compagnie d’une maire de la capitale gabonaise dont la seule caractéristique connue est qu’elle n’a jamais été élue.

Le dernier événement médiatique en date, début octobre, est le forum du journal Libération à Libreville, voulant ouvrir des débats dans un pays où justement le régime interdit une conférence nationale, dans lequel les libertés publiques sont menacées à tout moment.

Ainsi, ce forum organise plusieurs débats, dont un sur le journalisme en Afrique. Précisément, aucun journaliste gabonais n’est invité. Ni Désiré Emane, directeur des Echos du Nord, ni Jonas Moulenda, du même organe qui ont dû récemment fuir le Gabon, en raison du risque d’arrestations arbitraires.

Aucun représentant de TV +, télévision libre, fréquemment mitraillée par les troupes d’élites du régime, n’a été invité. On note la présence du seul président de l’agence gabonaise de presse, lequel est appointé par le régime.

Une multitude de ministres du pouvoir actuel au Gabon, des foccardiens comme Alain Joyandet, sont conviés à prendre la parole. On découvre l’existence d’un délégué à la jeunesse du parti au pouvoir à l’occasion d’un débat surréaliste sur la jeunesse africaine alors que le régime envoie des troupes réprimer violemment les étudiants en grève et révoltés sur le campus délabré de l’université de Libreville.

Bref, une aimable mascarade ! Et l’on peut regretter que le journal Libération, dont on connaît les difficultés financières, ait pu prêter le flanc à une opération de propagande en faveur du régime gabonais, en lui laissant un champ d’expression aussi important.

Les journalistes de Libération sont-ils devenus les nouveaux mercenaires intellectuels du continent africain ?

Le journal Libération, fondé par Jean Paul Sartre, vient donc de faire son entrée dans la Françafrique.

Nous boycotterons désormais le journal Libération.

Nous dénonçons sa venue à Libreville, et nous exigeons que toute la transparence, y compris financière, soit faite sur les conditions d’organisation de ce "forum", exercice de propagande au service du pouvoir en place.

Mengue M’Eyaà

Présidente du conseil exécutif Mouvement civique du Gabon
Présidente du Mouvement Civique des Femmes
Ancienne journaliste d’Africa n°1

@info241.com
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