L’actualité de l’Union nationale (UN- opposition) est particulièrement mouvementée ces derniers jours avec notamment les déclarations sur fond de conférences de presse de Gérard Ella Nguema (secrétaire exécutif adjoint) d’une part, et de Mike Steeve Jocktane (membre).
Si les deux hommes sont restés très différents sur les styles de leur allocution respective, il n’a pas échappé aux analystes politiques avertis de la politique Gabonaise que le fond de pensée de ces deux anciens proches d’AMO avait quasiment la même orientation.
Des fidèles déclarés d’AMO à la manœuvre !
Samedi dernier aux Charbonnages à Libreville, le virevoltant Gérard Ella Nguema avait carton plein. Pas seulement en raison de la présence de la presse nationale et internationale conviées à cette déclaration intitulée « A quoi joue l’opposition ? », mais la salle fut également comble de nombreux curieux et sympathisants venus écouter un secrétaire exécutif adjoint de l’UN au langage direct et tranchant.
Le secrétaire exécutif adjoint de l’UN lors de sa sortie samedi 5 septembre
Axant discours en deux grandes parties, l’adjoint d’André Mba Obame se lancera d’abord dans une longue genèse partant de la naissance de la formation politique dans laquelle son propre parti, le RNR se fondra car, signataire le 10 février 2010 de l’acte de naissance de l’Union Nationale. Ainsi donc, de ladite naissance à son état quasi léthargique du moment, Gérard Ella Nguema n’omettra aucun épisode et désignera son président Zacharie Myboto comme le principal et seul responsable de cet état de fait.
Avec le ton haut et la gestuelle parfois d’un va-t-en-guerre qu’on lui connaît désormais, le fils de Nguema Mintoghe n’a pas porté de gangs pour pointer du doigt Zacharie Myboto et les siens de laxisme et de gestion monarchiste d’un parti qui, selon lui, « a perdu son homme fort en la personne d’André Mba Obame . Le seul qui avait la magie de la mobilisation et du flair politique. »
« (…) Plutôt que de construire démocratiquement le parti par les fondations que sont les cellules de base conformément aux dispositions de l’article 19 des statuts et du règlement intérieur, le président a fait le choix de construire par le haut et en violation flagrante des dispositions pertinentes et claires des textes que le mandat nous a confié par l’Assemblée générale constitutive et qu’on ne peut mettre entre parenthèse. » accusera Gérard Ella avant de marteler : « le choix de procéder à des nominations indique un état d’esprit et la volonté de mettre le parti sous tutelle, car les personnes nommées doivent leur position au chef et non à la base ou au congrès. J’ai dit et je confirme qu’il y’a une volonté de reconstruire l’UGDD au détriment des autres groupes qui ont contribué à créer l’Union Nationale. »
Jocktane aussi…
Par ailleurs, si aux Charbonnages le ton était plus direct et incisif voire même très polémique en attendant très probablement une prochaine réaction du président de l’UN ainsi incriminé, à l’hôtel Hibiscus ce hier 8 septembre, il était beaucoup plus serein, apaisé et très diplomatique. C’est en effet l’option choisie par l’évêque Mike Jocktane qui fut lui aussi, un des plus proches du regretté André Mba Obame.
M. S.Jocktane hier lors de sa conférence de presse
Même si les boutades n’ont pas manqué quoique habilement habillées, l’homme d’église affublé d’une casquette de personnalité politique du fait de sa proximité d’avec l’illustre disparu et de son titre d’ancien directeur de cabinet d’Omar bongo, Mike Jocktane a presque rejoint totalement Gérard Ella Nguema sur l’essentiel de son allocution prononcée seulement trois jours avant lui.
Points de convergence
D’abord s’agissant des origines des deux seconds couteaux du parti de l’ancienne Sobraga, on aura retenu la volonté manifeste et constante d’afficher chacun dans son style, sa loyauté envers AMO. C’est à ce titre d’ailleurs que l’un comme l’autre demandera à leur assistance d’observer une minute de silence en sa mémoire.
Même si Jocktane, contrairement à Gérard qui a refait le cheminement du parti depuis sa création, préférera revenir sur la « gestion chaotique » du pays par Ali Bongo et ses proches non sans pour autant espérer des lendemains enchanteurs pour le Gabon « auquel il croit ».
L’Union Nationale se verra une nouvelle fois interpellée : « cependant, il doit y avoir chez tous une ferme volonté de favoriser la bonne pratique démocratique dans le parti et de ne plus permettre la dictature d’une famille, d’une ethnie ou d’un clan. Une nouvelle éthique doit conditionner nos rapports et activités dans le parti. »
On aurait cru entendre Gérard Ella qui dira : « la gestion solitaire du pouvoir…j’ai décidé… est loin de mon idéal démocratique, car je suis convaincu que si je ne pratique pas la démocratie dans mon parti ce n’est pas arrivé au pouvoir que je le ferai. »
Des ralliements probables
Quand à leur rapports respectifs avec le Front uni de l’opposition pour l’alternance et notamment avec Jean Ping qui alimente toutes les conversations actuelles de l’opposition Gabonaise, là aussi, il n’a fait aucun doute que les deux « cadets » d’AMO ont indiqué explicitement ou à demi-mots ce qui pourrait être leur positionnement dans les plus brefs délais à ce sujet.
Gérard Ella Nguema est resté évasif sur la question en promettant une prochaine sortie publique le 26 septembre prochain. Mais il sera très vite rattrapé en s’affichant ouvertement aux côtés de Jean Ping quelques heures plus tard au collège N’tchoréré de Libreville à l’occasion d’un forum des femmes de l’opposition Gabonaise. Ce qui, bien entendu aura suscité plus de réactions que même sa propre déclaration. C’est donc dire que le ralliement du sémillant secrétaire exécutif adjoint de l’UN à la cause d’un Jean Ping qui se démarque très sérieusement de tous ses potentiels concurrents à la candidature unique au sein du Front, est presque déjà connu d’avance.
Ella Nguema et Ping lors du forum des femmes de l’opposition
Pour Mike Jocktane qui est resté très prudent en préférant servir de pont entre cette formation politique dans laquelle « AMO l’a emmené et l’y a laissé » et le Front afin de sauver ce qui peut l’être encore, il dira : « l’UN doit avoir le courage de s’ouvrir aux autres et l’audace de conduire le combat contre la dictature du pouvoir PDG. »
Mais là où il sera encore un peu plus clair, c’est quand il rappellera : « je suis membre à part entière de l’UN. Je suis membre de plein droit du Front dans lequel je me suis associé à d’autres pour faire gagner le Gabon. » . Même s’il a appelé à l’organisation de primaires qui devraient aboutir à la désignation dans des conditions « claires, transparentes… de celui qui sera notre champion. »
On aura senti un homme qui, bien que nourrissant lui même l’ambition d’être ce champion mais sait aussi n’avoir pas forcément les faveurs des pronostics. Sa détermination à faire aboutir le combat pour lequel il s’est engagé avec AMO, de Barcelone à sa dernière demeure à Medouneu, reste sans faille.
Le week-end dernier fut bouillonnant. Et pour de nombreux observateurs, ce n’est que le commencement. Si on ne peut donc pas se risquer à présager avec exactitude ce qui arrivera, une chose reste sûre : l’Union nationale est à la croisée des chemins et lorsque deux figures de proue d’une formation sortent de l’ombre pour dénoncer ouvertement une certaine attitude, il y’a de gré péril en la demeure.
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